This robin


This robin sings this robin fights he patrols my garden day and night
He’s always there around my feet finding little things to eat
He’s over here he’s going there without a worry without a care
In full sun he’s colours shine i’d like to think he’s a friend of mine

In early morn he’s there about’s  preforming acrobatic acts
Flying high flying low through the trees and undergrowth
Searching searching all the time for tasty morsels he might find
And when the day is at an end in song he tells me he’s my friend

Len Rose

Obsolescence du soleil



Obsolescence du soleil
Sous un ciel orangé,
Une goutte d’or diffuse
Tel un OVNI échoué,
Sur la mer endeuillée
Encre de chine.
La lumière du soir
Meurt dans le miroir
Improvisé du rivage,
Sur un nuage de sable.
Le jour, discret, s’efface.
Seule la lune levante
Flottera dans le ciel étoilé.

— Sylvie Brugeal

Interdit aux chiens


Il n'y a pas qu'à l'école ou dans les bibliothèques que l’on peut s'instruire. Il suffit parfois de se promener dans la rue. Ainsi, ai-je découvert, à l'entrée du parc du musée des beaux-Arts de Bordeaux ce panneau portant l'inscription « accès interdit aux chiens de deuxième catégorie » en même temps que mon ignorance de ce que cela signifiait. En effet, si je connaissais les wagons de 1ère et de 2ème classe, les citoyens dits « de seconde zone », les panneaux « interdit aux chiens » ou « attention chien méchant » ... Je n'avais encore jamais rencontré (ou remarqué) ce genre de panneau. Depuis, j'ai rattrapé mon retard et retenu qu'il existe différentes catégories de chiens dont les deux premières regroupent les chiens dangereux (et comme l'acquisition de chiens de 1ère catégorie est interdite, c'est sans doute pour cela que le panneau ne mentionne que les chiens de 2ème catégorie). Quant à l'appellation « chien méchant », elle ne semble pas avoir de statut réglementaire et sert surtout à certains propriétaires de pavillons à éloigner les importuns ; on rencontre parfois des panneaux « chien gentil » ; dans certains cas, d'ailleurs, cela peut confirmer l’adage : tel chien, tel maître (ou vice versa).

— Gérard Miro

I saw you yesterday


I saw you yesterday and you blew my mind away, I think I love you,
You were walking down the street, looking gorgeous looking chic, I think I want you
oh my mind was in a spin, The fear was creeping in, I think I love you
Then I lost you in the crowd and I tried to shout out loud but panic stopped me

I want to find happiness
I’d like to find someone to love
Because I find myself all alone
In a city I can't call my own

Now it starts to rain again and the cars all look the same oh what a pity
The sun has gone away and I start to feel the pain of being lonely
It was only yesterday that I thought i’d come this way to find a living
Leaving all that I had known all my friends and my home for this big city

I want to find happiness
I’d like to find someone to love
Because I find myself all alone
In a city I can't call my own

I am looking for a job in a bar or restaurant it should be easy
But no one will take me on so i’m left here all alone in this cold city
I turn a corner you are there and I stare but do not dare to say I want you
But You look at me and say oh I saw you yesterday I think I love you

Now i’ve found happiness
Oh i’ve found someone to love
Because now i’m not on my own
In this city I can call my home

Now i’ve found happiness
Oh i’ve found someone to love
Because now i’m not on my own
In this city that I now call home

— Len Rose

Cruci fiction


Plus de 2000 ans après J.C., ces charpentiers seraient-ils en train de préparer une nouvelle crucifixion ? Certes, l'historien grec Thucydide affirmait que l'histoire est un perpétuel recommencement. Quant au retour du Messie, il a été annoncé ou espéré maintes fois.
Georges Moustaki chantait :

« Ça fait 2000 ans ou plus
Il n'est jamais revenu 
Mais on s'en souvient pourtant
Et tout le monde l'attend ...»

(humblement il est venu)
Et si l'un des charpentiers s'appelait Joseph ? Serions nous à Nazareth ? où à Jérusalem ?

Revenons sur terre... Nous sommes en France, dans le petit village médiéval d'Angles sur l'Anglin (département de la Vienne) qui abrite un vieux château fort en ruines, ainsi qu'une église, à proximité de laquelle se trouve cette statue du Christ.
Et, à propos d'angles, il y en a une multitude sur cette photographie : entre les lignes des toits, des façades, de la croix, des poutres de la charpente en construction, des bras du Christ, des murs, de la porte du garage, des pierres apparentes, sans parler des branches de l'arbre... C'est sans doute ce qui donne cette impression de mouvement alors qu'à cet instant tout était immobile. Et la bordure du toit incliné qui semble transpercer le Christ comme une lance.
Et cette lutte entre l'ombre et la lumière que révèle aussi la photo qu'on peut rapprocher du contraste entre la mort au premier plan (la statue du Christ) et la vie à l'arrière plan (les charpentiers au travail).
Cela fait beaucoup de coïncidences... Le hasard ? La chance ? Ou un miracle ?

— Gérard Miro

Bactéries


- Mais si c'est logique ! Si vous deviez voyager hors de votre atmosphère que feriez-vous ?
- Je voyagerais dans un vaisseau avec une cabine pleine d'air...
- A la bonne pression ?
- Oui.
- Avec de l'eau et de la nourriture en quantité suffisante ?
- Oui, aussi.
- Et de quoi vous soigner ?
- Dans la mesure du possible, certainement.
- Et bien pour elles c'est la même chose !
- La même chose, la même chose, n'exagérez pas !
- Si ! Il leur faut un pH précis, un milieu aqueux, pour prélever les molécules pour vivre, et produire d'autres molécules, pour se reproduire, se soigner, et évacuer les déchets. Le reste c'est de la tuyauterie.
- Votre analogie ne tient pas.
- C'est parce que vous vous imaginez un rustre vaisseau spatial de cinéma.... Mais lorsque nous coloniserons l'espace nous le ferons dans des vaisseaux perfectionnés, la technologie cellulaire sera aussi notre choix, et permettra le recyclage et l'adaptation.
- Des bactéries intestinales découpant de l'ADN pour fabriquer les vaisseaux qui assurent leur survie hors de l'eau, c'est un délire Nestor !
- C'est vous qui portez des œillères, comme au temps de Copernic et Galilée....mais comme pour eux, l'avenir me donnera raison !

— Eleonore Sur

Le jour se lève sur le marais


Tout est silence ouaté.
Les rayons du soleil se mêlent à la brume exhalée du marais dans une alchimie sublime.
Un oiseau ose quelques notes puis se tait, confus de rompre la magie du moment ;
Subjuguée, j’imagine des elfes dansant dans ce tableau parfait.
J’observe les géométries incroyables des toiles d’araignées s’accrochant aux herbes sèches dans
Une harmonie aérienne.
Un vieux monsieur s’avance lentement sur le chemin en maugréant.
Il n’aime pas voir des visiteurs dans son domaine.
Il pense sûrement que nous ne méritons pas de voir de telles merveilles.
Peut-être a-t-il raison, nous lui avons volé un peu de cet instant.

— Liliane Faucher


Aux 1001 couleurs


Quand il est arrivé, mon bourreau des cœurs
Au 1 de la courte rue du bonheur
J’ai ouvert ma boutique aux 1001 couleurs

Mais la vie vire vite au vert-de-gris
Adieu mes couleurs, adieu ma droguerie
Ma boutique a 1001 nuances de gris

Dans mes bras, mon bourreau s’ennuie
C’est une autre qui colore ses nuits
Ma boutique est fermée pour 1001 nuits

— Paul Sanson

Dark Consciousness



Lorsque les habitants de la planète entrèrent de plein gré dans cette transe, un sentiment de communion infinie et de transcendence incomparable les emplit d’abord. Biensûr, cela n’aida pas à atteindre la méditation profonde qui était le but de l’expérience.
Heureusement, les sons émis par les écrans d’assistance, interconnectés entre eux à travers toute la planète se révélèrent d’une efficacité hypnotique salvatrice. Toutes les consciences se vidèrent à l’unisson.

Sources d’augmentation de la corrélation informationelle de la matière, les consicences avaient été détectées comme l’unique explication possible de l’augmentation de l’entropie de l’univers, et donc de l’asymmétrie frustrante du temps.
Cette expérience démontrerait que l'écoulement du temps ne dépend que de nous, êtres pensants, de l’intelligence locale dans notre espace-temps.

Ce ne fût que des mois plus tard, quand tous les résultats furent enfin dépouillés, les mesures vérifiées, et les expériences atomiques resimulées, qu’il fallût conclure avec certitude à l’existence d’autres sources de conscience dans notre voisinnage: le temps s’était effectivement ecoulé plus lentement pendant toute la transe, beaucoup plus lentement, toutes les expériences radioactives concordaient à ce résultat....mais il ne s’était pas arrêté.

Ce fût le début de l’introduction théorique de la conscience noire, la "dark consciousness".

— Eleonore Sur

Complexes simplicieux



Complexes simplicieux,
prétextes simplifiés,
aux textes amplifiés
des axes aux plis nombreux.

— Eleonore Sur

Automne


Si j’étais peintre, je l’habillerais de capes rousses,
Soleils, robes d’or, jupes en mousse,
Avant que l’hiver la dénude
En lui volant sa plénitude.

Si j’étais trompettiste je donnerais l’aubade
À ses couleurs en cascades
De châtains, roux et blonds
Chaude harmonie en ton sur ton.

Si j’étais poétesse, j’enfilerais des rimes
Sans raison, rarissimes,
Pour lui faire des colliers en glissant dans mes vers
L’ocre des perles de la terre.

Si j’étais photographe, je retiendrais captive
Sa lumière explosive
Pour l’offrir à l’hiver,
Les nuits de pleine lune… mystère !

Mais je ne suis que visiteuse et amoureuse
De ses flamboyances audacieuses,
De parures fauves sous la brume
Et de tous ses parfums que je hume.

— Liliane Fauriac,  Extrait de « Fleur d’Espoir »

Dans le ciel rougeoyant


Hier figé dans le passé
S'efface à l'horloge
Du cadran solaire.
Aujourd'hui s'essouffle
Dépouillé de ses secondes.
Les nuages endormis s'éclipsent
En un long cortège muet
Dans le ciel rougeoyant.
A la conquête du jour
Dans le crépuscule silencieux,
Demain flirte avec l'avenir,
Déclarant sa flamme
Aux lendemains naissants
Éclaireurs des temps modernes.

— Sylvie Brugeal

L'immensité en flammes


Trainée de nuages migrateurs,
Cotonnade rouge feu,
L'immensité en flammes
Éclate dans le futur
En vagues multicolores.

— Sylvie Brugeal


Équilibre


Il est là, posé en équilibre sur deux parois rocheuses,
Le tout constitue une arche naturelle magnifique
La mer fulmine, rugit, lance son écume féroce sur les rochers.
On ne peut s’empêcher de se demander :
Pourquoi ce rocher est posé là comme par magie ?
La nature est incroyable.
Combien de temps Dame Nature maintiendra cet édifice minéral ?
Nul ne le sait, comme il est bien difficile de savoir combien de temps il lui a fallu pour réaliser ce chef d’œuvre.
La nature est une grande artiste, elle offre tous les jours à nos regards admiratifs ses œuvres superbes, résultats d’un travail incessant, sans état d’âme.

— Liliane Faucher

Le gros rocher noir


Le gros rocher noir est posé là certainement par une force supérieure.
Il est resté là, ancré sur le sol de granit défiant les éléments.
Il restera là combien de temps, nul ne le sait.
La mer pailletée d’argent lui sert de fond.
L’océan s’oblige dans un mouvement incessant, lui, le rocher noir
Affirme sa force dans son immobilité parfaite.

— Liliane Faucher

La bâtisse sur le rocher


Elle est construite là, face à l’océan, probablement par un amoureux de la mer.
Ancrée sur le rocher gris et solide, elle semble défier les éléments, pour combien de temps !
Des forces terribles peuvent l’anéantir d’un moment à l’autre.
Pourtant, elle s’obstine à procurer confort et magie de cet environnement à une famille.
Elle est un havre face à la Nature, souvent magnifique mais parfois violente, destructrice et indifférente.

— Liliane Faucher

Le frêle esquif


Que fait-il sur ce fragile esquif,
Le soleil d’octobre brille doucement,
La mer chantonne dans un roulis tranquille.
Il est là sur sa fragile embarcation rouge.
Peut-être, il veut simplement profiter de ce moment magique où
Tout contribue à un bonheur simple, la mer sereine, les odeurs iodées,
La douceur de l’air. Des enfants jouent sur la plage, on est loin du fatras médiatique,
Loin des villes polluées et agitées, on est bien.

— Liliane Faucher

Le petit peuple de béton

Passant du matin, piétonnier affairé, passager du quotidien, mon semblable, mon voisin.
Pendant que tu dormais les yeux grand ouverts, perdant ton énergie en offrandes bien amères, tes rêves estompés et les épaules de fer.... les esprits peu à peu ont reprit de leurs droits. Ombres mystiques nées aux temps des crédules, les gnomes et lutins t’ont suivi dans ta bulle. Le petit peuple est là, écoute-le, tend l’oreille. Souviens-toi de ton pacte et regarde-les bien droit:  dans leurs yeux de métal ce sont tes larmes que tu vois!

— Eleonore Sur

Mélodie aquatique en clé de vol


À chaque mesure de sel,
l’oiseau bat de ses ailes.
À chaque vague à l’âme,
Il survole sa gamme.

C’est expérimental,
Un air péri mental.

Le rythme goéland
serein et indolent
exalte le poète
et me laisse mouette

C’est expérimental
Un chant péri total

— Eleonore Sur

Les éléphants sont des enfants


Les éléphants sont des enfants
Qui font tout ce qu'on leur défend.
Car pour l'éléphant les défenses,
Depuis le fin fond de l'enfance,
Ça se confond avec les dents.
Tous légers, malgré leurs dix tonnes.
Comme des collégiens de Cambridge ou d'Eaton,
Les éléphants sont des enfants
Et qui se trompent énormément.

— Francis Blanche

Livret du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns
Vitrine Louis Vuitton Circus

Contes cachés


Le Mage

La princesse en toute hâte, enfile gants et bonnet. Sa grise capeline, et ses souliers les plus légers. Dans son châle elle dissimule, un paquet en papier.
Tournée vers sa chapelle, de sa langue orientale, elle chante les mots magiques, son image s'agite.
La princesse disparaît, elle voyage en secret.
Transportée dans le bocal, dans une autre dimension, elle retrouve le loyal, et fier ami dauphin.
Dauphin, mon ami, je suis arrivée. Je t'apporte comme promis, les colis de papier.
Les contes les plus fous, les histoires incroyables, personnages de boue, papier, verre ou sable... se dérobent à nos yeux, et s'adonnent à leurs jeux.
Le photographe patient, agissant comme un mage, révèle délicatement... la trace de leur passage.

— Eleonore Sur

Les géants de l'Argos


D'après une légende très ancienne,
Les Tours et les murs de Mycènes,
Volés à la roche ancestrale,
Surgirent de mains colossales.

Cyclopes bâtisseurs et royaux,
Encheirogastères et loyaux,
Cassant la montagne à pleines mains,
Hurlant dans l'effort surhumain.

La porte des lions terminée,
Les géants de l'Argos épuisés,
Rejoignirent l'élément primordial,
Le ciel et la terre natale.

Tapis et muets si longtemps,
Nos cyclopes nous guettent pourtant.
Cachés dans les plis de leurs murs,
Ecoutez leurs tristes murmures.

— Eleonore Sur
Encheirogastère | Argos-Mycènes

Leçon de musique synesthésique


A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu, voyelles ...
chantait Arthur, prince et poète synesthésique.

Do indigo, Ré rouge, Mi noir mi blanc, Fa rose, Sol d'or, La jaune, Si vert,
sonorités.
Do indigo, dos des baleines et dans le grand bleu les ondes de leurs violons,
Ré rouge, cris roux des cuivres, éclats de trompes et d’olifants,
Mi noir mi blanc, en mineur je pianote dans l'ébène, je touche à peine l'ivoire,
Fa rose, l'accordéon farfouille la vie en rose,
Sol d'or, soleil astre singulier - point d'orgue,
La jaune, cachous de mouches accrochés aux arpèges,
Si vert, cigales, cymbales.

Un jeu d’enfant

Paul Sanson
Synesthésie

Le jardin d'Arcimboldo


Art brut ?
la révolte
ça cogne
faut que ça sorte

Art premier ?
fondamental
besoins entiers
faut que ça s'étale

Appendices
grappes et rondeurs
le vice ?
insectes et vers

Couleurs
Rorschach pourri
le jour
comme la nuit

Un seul
verrait le beau,
mon frère,
Arcimboldo !

— Eleonore Sur

Recette de cuisine moléculaire


Ingrédients (pour 4 pers.)

1. Une petite fille. Prenez-en une vraie, blonde et potelée (6 ou 7 ans maximum),
2. Du raisin, blanc de préférence (c'est-à-dire de couleur verte). Prenez-les bien gonflés avec la peau ferme,
3. Une boite de pics apéritifs en bois,
4. Un stylo et du papier sur lequel est écrite cette recette.
Égrenez les raisins et placez-les dans une assiette en porcelaine ou en papier mais assurez-vous qu’elle soit de la couleur exacte des raisins. Demandez gentiment, avec un zeste de fermeté, à la petite fille de préparer « les raisins pour l’apéro et que ça saute ».
Si vous obtenez une molécule de dihydrobenzédratium oxydorhibodénucléique c’est que la petite fille a été mal élevée par des parents Verts, adeptes de la « théorie du genre ». Il vaut mieux la jeter à la poubelle et recommencer avec une autre petite fille fournie par les Bonnes Sœurs de la Charité Bien Ordonnée dont les pupilles sont des cordons bleus certifiés sans OGM (Opinions Genrement Modifiées).
– Légende soumise à accord parental préalable.
– Nous certifions qu’aucune petite fille n’a été maltraitée lors du concoctage de cette recette de cuisine moléculaire.

— Paul Sanson

Le volcan du Havre


Au détour d'une rue, tout semble blanc derrière ce passage sous un immeuble ; une voie sans issue ? Mais non dirait le moniteur d'auto-école : « n'avez-vous pas vu, au fond, le panneau stop et le panneau d'interdiction de tourner à gauche ? »

Le reste est bien gris, le bâtiment, les voitures ainsi que quatre formes étranges qui se détachent sur le blanc :  des parasols repliés ? des crayons géants ? des fusées au décollage ? des fenêtres très étroites sur un mur blanc ? mais alors, le maçon aurait perdu son fil à plomb ? un passant me renseigne : c'est un volcan ; un volcan blanc, ce n'est pas courant. Blanc comme une colombe ; d'ailleurs, si l'on survolait le site en avion, on la verrait, la colombe. C'est le volcan du Havre, centre culturel, avec sa colombe, symbole de paix au centre d'une ville qui fut presque totalement rasée pendant la deuxième guerre mondiale puis reconstruite sur ses ruines ; et je me souviens de ces paroles :

« Nous ne voulons plus de guerre,
Nous ne voulons plus de sang, 
...
Déclarons la paix sur terre,
Unilatéralement » (Jean-Ferrat)

— Gérard Miro

Why is the moon grey ?

Humans of my planet
Remember the day
When our home's blue palette
Revealed its beauté
On a magical photo
Taken from Apollo

Mars is just more red
And Venus is bright yellow
Jupiter's tornadoes
Are surely artist-made

But...why is the moon grey?

The humans of Apollo
Jumping on the lune
Have tiny little drapeaux
On their white costumes

Every accessoire
Brought there by the mission
Betrays some couleurs
Of where they come from

And look: the moon is grey!

Where did Farben go?
Echappés à l'homme...
Washed away by l'eau?
Or maybe by the sun?

They say it's made of metal
And when the light l'éclaire
The grey we see is normal
It's always just been there.

But deep down we all know
Our chère Mond is so old
It was born with the light
When the world was black and white.

— Eleonore Sur
Mission Apollo 15

Les deux acolytes



La journée ensoleillée s'étiolait langoureusement. Le soir commençait à poindre son nez, quand Victor se décida enfin. Ayant paressé l'après-midi, sa sieste touchait à sa fin. Il mit toute son énergie à se mouvoir pour traverser le jardin, contournant la clôture, et se déplaçant en zigzag. Il y a vraiment beaucoup d'obstacles ici : piquets, pots de fleurs, une table, des chaises, bref tout un capharnaüm. Il progressait lentement comme un hérisson bien portant qu'il était. A un âge avancé, on se traîne un peu mais « qui va doucement va sûrement » se dit-il.
Soudain, au loin, dans le kiosque planté au cœur de la verdure, il entendit des voix. Que se passait-il là-bas ? Curieux, il s'arma de courage, pour rejoindre l'esplanade d'où fusaient des éclats de rire...


Il était presque parvenu à son but, quand soudain, il freina des quatre fers :
devant lui se dressait un animal avec un corps gris, une grande queue, qui se faufilait partout... un face à face silencieux s'instaura. Qui des deux allait attaquer ? Pschitt ! Pschitt ! Tenta Victor pensant effrayer Missy la petite souris. Rien n'y fit ! Attention, je fonce, je pique lui cria-t-il. Pensez donc, il en fallait bien plus pour la terroriser. Elle se campa devant lui et l'interpella : mon pauvre ami, tu es bien trop lent, tu ne risques pas de m'attraper. Moi, je file à toute vitesse, alors inutile de vouloir faire un concours de rapidité, tu es certain de perdre la course. Médusé du culot de la souris, Victor lui asséna : peut-être es-tu la rapide du Texas, mais bon moi j'ai d'autres atouts dissuasifs, et personne ne me cherche de noises. Ici, je suis l'ange gardien des jardins, et d'habitude, je chasse les importuns comme toi...

Miss souris fut un peu vexée par son aplomb, mais ne se démonta pas. Dis donc l'ami, ne te crois pas supérieur à moi. Regarde-toi. Tu ne vois pas que nous avons surtout un point commun ? Pourtant tu vois bien clair la nuit, mais là tu devrais chausser tes lunettes. Victor pouffa de rire. Tu parles, dit-il, j'avais compris tout de suite que nous étions faits du même bois, issus des mêmes essences.

La petite souris pointa son doigt en direction du kiosque : tiens, regarde toutes ces joyeuses têtes assises autour de la table. Que crois-tu qu'elles fassent ? Victor, muet, attendait la réponse. Eh bien, avec patience et application, elles nous plient, nous replient, nous déplient et nous collent des yeux, des oreilles... enfin, tu vois nous sommes bien vivants, grâce à toutes ces dames ! Remercions-les, car sinon nous n'aurions pu faire connaissance ! Oui rétorqua Victor, mais moi j'ai un sacré privilège lui répondit le hérisson : j'ai été conçu à deux mains, par un duo d'enfer ! Ah oui et lequel ? lui demanda la souris : eh bien, je suis l’œuvre de Jacqueline et Sylvie, se gaussa avec fierté Victor. Et c'est sur cette note finale, que cahin-caha, chacun reprit sa route et s'en alla vers d'autres horizons...

— Sylvie Brugeal

Parenthèse ludique dédiée à « Amis des Mots »

Te quiero


Te quiero, Je t'aime
I love you, Ti amo, Ich liebe dich
Ich hob dir lib, Ik houd van jou, Ia tibia lioubliou
Nhebbik, Gvgeyui, Mwen enmen'w, Hamlagh-kem, Munakuyki, Nakupenda, Ngiyakuthanda
Da garout a ran, Anata ga daisuki desu, Rydw i'n dy garu di, E aroha ana ahau ki a koe
S'agapo, Te amo, Löbob oli, Mi amas vin

— Paul Sanson


Messier

Click to observe Omega, Swan, Horseshoe, or Lobster Nebula

Hundred and ten, vous are
All nicely hiding
Dancing tussen the stars
Spinning and smiling
The first of them all:
Supernova remnant
The thirteenth recalls
Hercules qui chante
The famous of course
In Orion in winter
The horseshoe disperse
Majestueux, a river!
M1 or M13, M20 or more
You're all my trésors.

— Eleonore Sur


About Messier objects

Qui es-tu

Qui es-tu ?
demande Manu.
Moi ?
Je suis Sarah !

Pas si fort,
tout le monde dort !

Ah...

Il faut chuchoter,
tu peux pas bouger...
C'est pas si bien,
la vie de mannequin !

N'exagère pas !
C'est pas si mal que ça !

— Ella

À la surface du lac


Le soleil en éclipse
Fond sur l'horizon
Une âme glisse
À la surface du lac
Le silence chuchote.

— Sylvie Brugeal



Statues de pierres


Statues de pierres
Les ombres se taisent
Figées dans la déclinaison du soir.
Seul le soleil éclate
En une étoile dorée
Fendant la meurtrière.

— Sylvie Brugeal

Le distributeur de compliments

Cliquer pour obtenir un compliment

Il y a des jours où tout va mal.
Premièrement  je me suis levé du pied gauche, un vendredi 13, ce n’est pas bon signe. Ma copine Lucie qui est extra lucide prétend que les mauvais augures sont auto-réalisateurs ; contrairement aux bons augures. Ça n’a pas manqué ! Une bouse de chien et même pas du pied gauche, l’ascenseur hors service, les résultats trimestriels en berne… la réunion qui n’en finit plus.
Denfert-Rochereau à 7h du soir c’est l’enfer sous terre, crevé, le moral dans les chaussettes, au bout du quai, prêt à sauter « tu ne vaux même pas les frais causés à la RATP si tu plonges » toutefois une pensée positive me requinque : je songe aux milliers de banlieusards harassés qui prendraient 2h de retard à cause de mon « incident voyageur ». Comme dit mon pote Michel, « le sentiment de vide n’est pas suffisant pour se jeter dans le vide ».
Il me faut absolument immédiatement un remontant. Le distributeur Selectivica, c’est la machine à joie : des boissons  gonflées à 2.5Kg, des denrées boostés au lactosérum, à la créatine, à la BA, des cafés exotiques à 92°C etc. Tout ça c’est fait pour le corps, or c’est mon âme qui fatigue. Heureusement cet automate enchanteur distribue aussi des compliments : 1€ le compliment élémentaire ; 2€ le compliment premium.
Evidemment il ne reste qu’une pièce d’1€. Allons-y pour un compliment élémentaire. J’appuie sur C13 (aie ! c’est 13), le carton tant désiré où sont gravées les délicieuses phrases qui font tant de bien aux egos dégondés, n’est pas tombé. Coup de pied (gauche) dans la zone réservée à cet effet, Plong ! Ah, enfin ! Voilà que je récupère une barre de complément alimentaire aux Oméga 3, acidulée et dégueulasse. Explication : j’ai tapé C12 au lieu de C13, damned !
Il y a des jours où tout va mal.

Paul Sanson


When swimming among the stars

E. Valencia

When swimming among the stars
   At night
My mind proudly esquisse the signs
   And letters
Of our reassuring abstract constructions
   De mémoire
Armature de papier pour paver l'inconnu

When listening deeper to the chant
   Of the night
My Self gets affraid and s'enfuit
   At last
And the space sends the craziest answers
   Je rêve

My vertige retentit and confirme that in fact
   We are
Inconscients bursts of light in the magistral whole
   Sin saber
And me tiro mil veces dans l'espace inifini
   Pour flotter
Et revivre the merge with the pure mystery
   Follow me

— Eleonore Sur

Le Petit ruisseau


Nous marchons sur un chemin dans un petit vallon. Le lieu est totalement tranquille. Nul véhicule ne peut accéder. Les oiseaux ne chantent pas, nous sommes en hiver. Seul un pic vert essaie d'obtenir son repas en tambourinant sur un vieux tronc.
Pourtant, nous sommes accompagnés tout au long de notre promenade par un chant joyeux, plein d'énergie, celui du petit ruisseau qui serpente au fond du val. Il nous rend joyeux et nous avons envie de rester là, loin des incohérences attristantes du monde actuel.
Nous avons envie de rester là, dans ce paysage resté intact, beau, éternel, bienfaisant.

— Liliane Faucher


La bûche ma compagne


Ce soir, je suis seule, pas vraiment, le feu de bois est là, si vivant.
Il m'enveloppe de sa chaleur et je me sens bien.
Je l'observe, les petites flammes courent sur la bûche.
Il me transmet un peu de bonheur, celui de se sentir bien même si on est seule.

— Liliane Faucher

Autodafé à La Châtaigne


La fête de La Châtaigne bat son plein dans le soleil doré d’une belle après-midi d’automne et les fanfaronnades farcies aux canards. On déguste le boudin aux pommes et le boudin à la châtaigne, le tout arrosé du cidre frais qui dégouline du grand broyeur de pommes trônant sur la place.
L’exode rural a drainé la jeunesse du petit village de La Châtaigne (123 habitants) mais la mairie est revigorée par l’installation récente de « jeunes » ; des retraités cultureux de banlieue, nostalgiques de la ruralité, ouvertement en rupture avec les technologies prédatrices du moi intérieur… Elle a décidé de constituer la Commission Paritaire Participative Événementielle qui a proposé d’instituer une cérémonie intitulée « Autodafé à La Châtaigne ». Le terme « autodafé » a provoqué des débats longs, parfois aigres, en raison de ses connotations. La commission est arrivée à un consensus aux termes duquel a) aucun texte ne serait brûlé ; b) le broyeur de pommes serait l’instrument du supplice.
En fin d’après-midi, les villageois sont invités à se rapprocher du grand broyeur de pommes et chacun y jette un objet symbolique de la vie dévoyée à la ville : une tablette chinoise ; un smartphone coréen, des lunettes 3D, un pass navigo… Pendant les activités scolaires, les enfants ont peint sur des ballons d’hélium des personnages de dessins animés et de jeux vidéo aux couleurs criardes : Spiderman, Pokémons, Homer Simpson… La fanfare joue de la musique branchée : Electro, Hip-hop, Rap, Dub, Grind… En raison du terme a), les partitions ne sont pas jetées dans le broyeur mais un enregistrement live vivant est effectué sur une clé USB qui est écrabouillée.
Ce n’est pas du jus de pomme qui dégouline dans le baquet de bois ; c’est de la grenaille électronique. Quand il sera rempli, il s’envolera emporté par les ballons jusqu’aux cieux, aux cris de « Vive la pomme ! Vive le boudin ! Vie à La Châtaigne ! ».

— Paul Sanson
La fin du village, J-P Le Goff

Bon sang ne saurait mentir

Cliquer pour compter les doigts

La victime était assise, adossée au pied de la statue, tuée net d’une balle en plein cœur, par le petit luger échappé de sa main. Un suicide selon toutes apparences ; alors pourquoi le jeune baron de la Rochemolle avait-il un doigt de pierre enfoncé dans la bouche ?
– Je ne crois pas au hasard, dit Lucas qui croît au hasard, mais c’est facile à expliquer : la balle a traversé le baron et a heurté l’index droit de la statue qui s’est cassé puis est tombé pile dans sa bouche ouverte.
– Une chance sur mille milliards ! répliqua Janvier qui a les pieds sur terre. Hubert, le majordome, m’a dit que la statue est celle de la baronne Héloïse de la Rochemolle, noblesse d’empire, troisième du nom. Elle fut célèbre, d’abord pour sa beauté callipyge, mais aussi pour une particularité physique rare : elle a six doigts à la main gauche et six doigts au pied droit ; c’est vrai, vous pouvez compter. Hubert m’a affirmé « cette tare se transmet par les mâles vers les femelles : toute fille née d'un baron de la Rochemolle a un gros cul, six doigts à la main gauche et six doigts au pied droit ».
– Je ne crois pas aux coïncidences, dit Lucas qui croît aux coïncidences, mais Céleste, la vieille gouvernante qui a connu trois générations de Rochemolle, m’a dit que Diane, la sœur du baron, vient d’accoucher d’une fille. Elle s'appelle Esperanza car il parait que le vieux marquis Don Diego Marquez de Luna qu’ils ont marié à Diane pour pouvoir retaper le manoir « n’y arrivait plus ». Céleste a ajouté que Don Diego avait le visage noir de colère en sortant de la chambre de naissance car la petite a six doigts.
– C’est impossible ! M’écriais-je, car bon sang ne saurait mentir. Si Hubert dit vrai, il y a une erreur, ou bien… Seigneur quel scandale ! Convoquez immédiatement une réunion de famille dans le grand salon. Mon sixième sens me dit que ce sixième doigt est la clé du mystère.

Paul Sanson

L'avant


Une aurore écarlate,
sur l’obsession
de tes baisers clandestins,
attise l’impertinence
de mon désir.

L’absurde pendule
se joue de mes chimères
et s’évertue à étirer l’avant
en interminable sursis.

Des symphonies :
pastorales, pathétiques, héroïques
balisent ton approche
jusqu’à la fébrilité
de mes frontières de dentelle.

 Liliane Fauriac

Ô nostalgie des lieux

Ô nostalgie des lieux ...
Revenir sur mes pas, refaire doucement
- et cette fois, seul - tel voyage,
rester à la fontaine davantage,
toucher cet arbre, caresser ce banc...

Monter à la chapelle solitaire
que tout le monde dit sans intérêt ;
pousser la grille de ce cimetière,
se taire avec lui qui tant se tait.

Car n'est-ce pas le temps où il importe
de prendre un contact subtil et pieux ?
Tel était fort, c'est que la terre est forte ;
et tel se plaint : c'est qu'on la connaît peu.

— Rainer Maria Rilke, Vergers

Rose


Elle, l’amie du Petit Prince
Empile les pages rouge sang
Où elle a écrit son roman
Autour de son corset si mince.

Que n’écrit-on à l’eau de rose
En se griffant à ses épines ?
Jardiniers et poètes peaufinent
Espérant la métamorphose.

D’aucuns la disent capricieuse,
Dédaignent son parfum, sa beauté.
D’autres louent sa féminité
Reine des fleurs délicieuse !

Rose cueillie, rose ouverte
Rose sauvage, rose fanée,
Rose en bouton ou surannée
Mieux qu’un présent : rose offerte.

Au fil des jours et sous le vent
Comme nos corps, elle s’incline.
Comme une femme, elle fascine,
Conjugue « aimer » à tous les temps.

— Liliane Fauriac

Green roadmap*

Il faut célébrer la nature chaque année car si la musique a sa fête, la nature aussi. La fête de la nature, célébration festive, sérieuse, exigeante, authentique, doit faire progresser les participants (enfants, jeunes, seniors) sur le chemin de la connaissance de la biodiversité ; elle doit favoriser une évolution des comportements individuels responsables en faveur de la protection de la biodiversité.
Fête de l’agriculture biologique ; fête du bio ; fête des énergies renouvelables ; fête des paysages et de la nature en ville ; fête du jardin et du développement durable ; fête de la mobilité durable ; fête du vélo. Espace événementiel de découverte de la nature naturelle ; promenade ornithologique et naturaliste ; balade ludique et botanique ; balade lecture du paysage ; balade singulière alternant lectures poétiques et explications naturalistes. Journée mondiale des zones humides ; des forêts ; de l’eau ; de l’océan ; de la mer ; de la terre nourricière ; de la  biodiversité ; des espèces menacées ; de la lutte contre la désertification et la sécheresse.
Atelier créatif de sensibilisation aux pratiques bioénergétiques ; aux plantes médicinales ; aux médecines douces. Journée d’animation ludique et familiale ; kit numérique de signalétique spéciale pique-nique ; productions musicales inspirées de la nature ; conférence consacrée à l’art à la plage. Atelier d’échange participatif aux jeux éducatifs sur l’économie d’énergie ; les énergies renouvelables ; la biodiversité ; l’écoconstruction ; l’agriculture bio ; le compostage ; les toilettes sèches.

— Paul Sanson

Bribes de Malaise dans la démocratie p. 143, J. P. Le Goff.
* La feuille de route écologique.

Remake de la piscine

cliquer pour voir les pigeons
Une semaine que je planque depuis la tour du château qui domine le petit bled périgourdin de Bourdeilles. Perché, avec mes copains les pigeons je zieute le couple de retraités au bord de la piscine de la très discrète « hostellerie ». C’est pas vraiment une piscine, pas vraiment des retraités et je ne suis pas vraiment un paparazzi, au moins sur ce coup. Cette fois, mes photos ne finiront pas dans Voilà, Marie Patch ou Gaga ; c’est une commande juteuse pour Armand de Laène, le puissant vice sous-secrétaire de l’AAAA (Association des Amateurs d’Amour Absolu). Quant aux « clients » qui ont réservé sous le (faux) nom de Mr. et Mme Delong pour 3 jours 2 nuits, ce sont d’anciennes gloires du cinéma. Ils ne font plus le buzz mais ils aiment encore les rendez-vous secrets, ah les beaux jours !
Ils se sont connus en 69 alors qu’ils débutaient sur la « piscine » (3 jours 2 nuits de tournage), où de Laène était second assistant régisseur. Ce fut une passion simple, bizarrement platonique et muette. Contenue derrière les lunettes noires, elle a pourtant irradié les acteurs, ionisé l’eau de la piscine, brûlé la pellicule. Le jeune Armand, déjà détecteur amateur d’atomes crochus, rêvait en coulisses de romance par procuration. Mais voilà, il n’est rien arrivé. Ils sont retournés à leurs foyers, à leurs contrats et ont peu à peu drifté dans la rat race. Le hasard ne les réunit qu’une fois, brièvement, quand elle fut chargée de lui remettre le César pour « l’ensemble de son œuvre » ; c’était il y a un mois.
De Laène m’a prévenu « t’as intérêt à sous-exposer, ils vont cramer ta péloche ! ». Il a bien raison, leur bonheur illumine leur petit théâtre, paradis coloré perdu dans la grisaille. Chance ! A leur insu il y a trois spectateurs, un voyeur et deux pigeons, pour deux acteurs. Ils sont donc autorisés à jouer le dernier acte de la pièce de leur vie. Pas besoin de costumes ni de lunettes noires pour une passion simple devenue bonheur simple, 3 jours 2 nuits de bonheur simple.

Paul Sanson

La piscine

Le thé berbère


Thé de la bienvenue,
Thé de l’amitié,
Thé parfumé de menthe
D’armoise ou de lavande
Répands l’arôme de la paix.

Brûlant et parfumé,
Sucré comme la vie,
Le premier se fait doux.

Excitant, passionné,
Puissant comme l’amour,
Le deuxième est plus fort.

Tiède puis bientôt froid,
Amer comme la mort,
Le troisième se dissout
À la fin du voyage.

— Liliane Fauriac

Divagation dans le reg


Dans son château minéral,
Échappée par les toits des cheminées de fée,
L’âme de la princesse captive veille.
Au creux de ses rides sculptées par le vent
Elle ensorcelle le voyageur audacieux.
Sur l’aile des vautours,
Elle plane au-delà des vagues fauves
Qui bourgeonnent de mille fleurs d’argile
Fixées sur les contours de dunes immobiles.
Elle hante le désert livré au promeneur
Captif de ses méandres.
Des voiles de nuages la caressent en passant
Et exaltent le bleu qui l’habille au soleil.
Nul ne saura jamais le bruit de l’océan
Au fond duquel elle a éclos.
Nul ne saura jamais
La violence des flots qui ont moulé ses courbes
Et modelé ses creux.
Tous mes sens envoûtés
Par ses parfums subtils
Vibrent encore au frisson
De sa beauté intense.

— Liliane Fauriac

Mosaïque oxymorique


Obscure clarté qui tombe des étoiles
Soleil noir de la mélancolie
Silence assourdissant
Enfer polaire, été hivernal
Enfermé dehors, c'est très moyen
Mon plus beau cauchemar

La barbarie à visage humain
Je ne suis ni pour ni contre bien au contraire
La liberté c'est l'esclavage
La gauche caviar
Les guerres civiles, saintes, propres
Ce sont d'effroyables jardins

Pauvre petite fille riche
Du sucré-salé, douce-amère
J'ai un énorme faible
Femme enfant, affreusement belle
Une bonne fessée ! Doux supplice

Elle se hâte avec lenteur, à l'aube de la nuit
C'est un jeune vieillard, un mort-vivant
Elle est proprement dégueulasse
C'est un petit miracle, un vrai mythe
La bête humaine

Yin & Yang, same difference...

— Paul Sanson

 Trancadis du parc Güell

Mon trésor

Cliquer pour trouver la geisha
Il n'y a pas de chiens de faïence dans mon bazar étalé sur la table, mon trésor. Les chiens c’est nous, deux vieux chiens qui se regardent, depuis un bon moment déjà. Toi, tu n’as pas l’air de savoir quoi faire de toi. Moi, je saurais bien… Je peux encore servir ! Même si tu as l'air de me prendre pour une des vieilleries étalées sur la table.
Il y a mille brocantes que, sous le soleil ou la pluie, je m’ennuie sur ma chaise et je rêve à l’amour, à la belle vie. Alors je joue au loto, je mets le ticket dans mon corsage, je me fais mon petit cinéma et la vie va…
Forcément ça devait arriver. J’ai gagné. Beaucoup. Au diable les brocantes, les chalands nonchalants ! Bradé mon trésor étalé sur la table ! Adieu aux vieux beaux bizarres, aux amours imaginaires ! Oubliés mes rêves ! Bonjour les voyages, les croisières, les villes d’eaux ; autant dire la fatigue, la nausée, la solitude, le vide…
Alors j’ai acheté un diamant, le plus gros possible, et je l’ai caché dans mon trésor étalé sur la table. Où ? Peut-être devineras-tu, toi mon Trésor, que c’est dans la Geisha et que la Geisha c’est moi.

— Paul Sanson