Il y a des jours où tout va mal. Premièrement je me suis levé du pied gauche, un vendredi 13, ce n’est pas bon signe. Ma copine Lucie qui est extra lucide prétend que les mauvais augures sont auto-réalisateurs ; contrairement aux bons augures. Ça n’a pas manqué ! Une bouse de chien et même pas du pied gauche, l’ascenseur hors service, les résultats trimestriels en berne… la réunion qui n’en finit plus. Denfert-Rochereau à 7h du soir c’est l’enfer sous terre, crevé, le moral dans les chaussettes, au bout du quai, prêt à sauter « tu ne vaux même pas les frais causés à la RATP si tu plonges » toutefois une pensée positive me requinque : je songe aux milliers de banlieusards harassés qui prendraient 2h de retard à cause de mon « incident voyageur ». Comme dit mon pote Michel, « le sentiment de vide n’est pas suffisant pour se jeter dans le vide ». Il me faut absolument immédiatement un remontant. Le distributeur Selectivica, c’est la machine à joie : des boissons gonflées à 2.5Kg, des denrées boostés au lactosérum, à la créatine, à la BA, des cafés exotiques à 92°C etc. Tout ça c’est fait pour le corps, or c’est mon âme qui fatigue. Heureusement cet automate enchanteur distribue aussi des compliments : 1€ le compliment élémentaire ; 2€ le compliment premium. Evidemment il ne reste qu’une pièce d’1€. Allons-y pour un compliment élémentaire. J’appuie sur C13 (aie ! c’est 13), le carton tant désiré où sont gravées les délicieuses phrases qui font tant de bien aux egos dégondés, n’est pas tombé. Coup de pied (gauche) dans la zone réservée à cet effet, Plong ! Ah, enfin ! Voilà que je récupère une barre de complément alimentaire aux Oméga 3, acidulée et dégueulasse. Explication : j’ai tapé C12 au lieu de C13, damned ! Il y a des jours où tout va mal. — Paul Sanson |