Lorsque les habitants de la planète entrèrent de plein gré dans cette transe, un sentiment de communion infinie et de transcendence incomparable les emplit d’abord. Biensûr, cela n’aida pas à atteindre la méditation profonde qui était le but de l’expérience. Heureusement, les sons émis par les écrans d’assistance, interconnectés entre eux à travers toute la planète se révélèrent d’une efficacité hypnotique salvatrice. Toutes les consciences se vidèrent à l’unisson. Sources d’augmentation de la corrélation informationelle de la matière, les consicences avaient été détectées comme l’unique explication possible de l’augmentation de l’entropie de l’univers, et donc de l’asymmétrie frustrante du temps. Cette expérience démontrerait que l'écoulement du temps ne dépend que de nous, êtres pensants, de l’intelligence locale dans notre espace-temps. Ce ne fût que des mois plus tard, quand tous les résultats furent enfin dépouillés, les mesures vérifiées, et les expériences atomiques resimulées, qu’il fallût conclure avec certitude à l’existence d’autres sources de conscience dans notre voisinnage: le temps s’était effectivement ecoulé plus lentement pendant toute la transe, beaucoup plus lentement, toutes les expériences radioactives concordaient à ce résultat....mais il ne s’était pas arrêté. Ce fût le début de l’introduction théorique de la conscience noire, la "dark consciousness". — Eleonore Sur |