Dans l'interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune, On croirait voir vivre Et mourir la lune. Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées. ... — Paul Verlaine. Romances sans paroles (1874) - extrait |
Légendes Photos
Dans l'interminable
Ponctuations
Ce n'est pas pour me vanter, Disait la virgule, Mais, sans mon jeu de pendule, Les mots, tels des somnambules, Ne feraient que se heurter. C'est possible, dit le point. Mais je règne, moi, Et les grandes majuscules Se moquent toutes de toi Et de ta queue minuscule. Ne soyez pas ridicules, Dit le point virgule, On vous voit moins que la trace De fourmis sur une glace. Cessez vos conciliabules Ou, tous deux, je vous remplace! — Maurice Carême (1899-1978) |
Soleil couchant
Les ajoncs éclatants, parure du granit, Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ; Au loin, brillante encore par sa barre d'écume, La mer sans fin commence où la terre finit. À mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume. Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume, À la vaste rumeur de l'Océan s'unit. — José Maria De Hérédia (extrait) |
L'arbre rouge
Sur l'arbre rouge, as-tu-vu Le corbeau noir ? L'as-tu entendu ? En claquant du bec, il a dit Que tout est fini ; Les fossés sont froids, La terre est mouillée. Nous n'irons plus rire et nous cacher Dans la bonne chaleur du blé. Le corbeau noir a dit cela, En passant, Dans l'arbre rouge couleur de sang. — Marguerite Burnat-Provins |
Dans Le Havre
Lasse comme les flots, lasse comme les voiles, J'entre dans le doux port plein d'embruns et d'étoiles. Depuis des temps, j'ai vu les plus divins climats Et je dors en ce havre où sommeillent des mâts. Mon esprit s'est tourné vers des rêves plus sages, Je désapprends enfin l'ardeur des longs voyages. Tant de rires dorés viennent vous décevoir Que l'on se sent moins de jeunesse vers le soir... — Renée Vivien - Dans le Havre - (extrait) |
Rêverie
Alors que sur les monts l'ombre s'est abaissée, Des jours qui ne sont plus s'éveille la pensée ; Le temps fuit plus rapide, il entraîne sans bruit Le cortège léger des heures de la nuit. Un songe consolant rend au cœur solitaire Tous les biens qui jadis l'attachaient à la terre, Ses premiers sentiments et ses premiers amis, Et les jours de bonheur qui lui furent promis. Calme d'un âge heureux, pure et sainte ignorance, Amitié si puissante, et toi, belle espérance, Doux trésors qui jamais ne me seront rendus, Ah! peut-on vivre encore et vous avoir perdus ! — Amable Tastu - Poésies (1826) |
Le Gypsophile
Dans la pâle lumière D'un après-midi d'hiver Le Gypsophile Immobile Se tient tranquille Dans son écrin Vert chlorophylle Et contemple le jardin De ses mille petits yeux Qui forment un beau camaïeu. — Gérard Miro |
Le grand chêne
Le grand chêne tend vers le ciel ses grands bras décharnés dans une supplique sans espoir.
Le grand chêne se meurt. Une gangue épaisse, vivante, impitoyable l’étreint et l’étouffe. Des chants d’oiseaux nombreux, joyeux s’échappent de l’épais matelas vert luisant. Le grand chêne se meurt accompagné d’un requiem continu, heureux. — Liliane Faucher |
Le retour du soleil
Pour le retour du Soleil honorer, le Zephir, l'air serein lui apareille, et du sommeil l'eau et la terre esveille, qui les gardoit l'une de murmurer, en dous coulant, l'autre de se parer de mainte fleur de couleur nompareille. Ja les oiseaux es arbres font merveille, et aux passants font l'ennui modérer ; les Nynfes ja en mile jeus s'esbatent au cler de Lune, et dansans l'herbe abatent. Veus tu Zephir de ton heur me donner, et que par toy toute me renouvelle ? Fay mon Soleil devers moy retourner, et tu verras s'il ne me rend plus belle. — Louise Labé - œuvres poétiques - Sonnet XV |
Rêves d'automne
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire; J'aime à revoir encor, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois ! ... — Alphonse de Lamartine, Rêves d'automne |
La pente de la rêverie
Alors, dans mon esprit, je vis autour de moi Mes amis, non confus, mais tels que je les vois Quand ils viennent le soir, troupe grave et fidèle, Vous avec vos pinceaux dont la pointe étincelle, Vous, laissant échapper vos vers au vol ardent, Et nous tous écoutant en cercle, ou regardant, Ils étaient bien là tous, je voyais leurs visages, Tous, même les absents qui font de longs voyages... — Victor Hugo - La pente de la rêverie (extrait) |
Adieu, passé, songe rapide Qu’anéantit chaque matin ! Adieu, longue ivresse homicide Des Amours et de leur festin, Quel que soit l’aveugle qui guide Ce monde, vieillard enfantin ! Adieu, grands mots remplis de vide, Hasard, Providence ou Destin ! Fatigué dans ma course aride De gravir contre l’incertain, Désabusé comme Candide Et plus tolérant que Martin, Cet asile est ma Propontide : J’y cultive en paix mon jardin. — Beaumarchais (1732-1799) Inscription placée dans son jardin, au fond d’un bosquet. |
La guerre des bleus et des marrons
Les bleus étaient courageux Les marrons n'étaient pas des poltrons Ils se firent la guerre Mais à la guerre, tout le monde perd Si bien Qu'à la fin Les bleus avaient reçu des marrons Et les marrons étaient couverts de bleus Ils comprirent alors Qu'ils avaient eu tort Qu'il n'y a pas de couleur Aux autres supérieure Et que c'est en étant unis Qu'on trouve l'harmonie. — Gérard Miro |
Ma huppe
Venue d'Afrique Fière et magnifique Cri rauque, chant étrange Huppe relevée à l'humeur Bec tel un sabre, prêt à l'usage Vêtue de motifs africains Tellement exotique dans un jardin habité de moineaux, merles et mésanges Herbes sèches et plantes du Sud lui donnent un écrin apprécié Nous, nous sommes sous le charme, l'admirons et l'espérons chaque année. — Liliane Faucher |
Petit matin
Le soleil se glisse entre les grands pins Doucement, tendrement, ses rayons réchauffent les buissons puis les fougères et enfin les mousses L'air sent bon la végétation qui s'éveille La mousse dorée, épaisse, encore humide accueille avec douceur nos pas Quelques orchidées sèchent lentement et n'oublient pas de répandre quelques graines Des pommes de pin posent ça et là Les oiseaux commencent doucement un chant mélodieux Harmonie parfaite de la Nature, magie du moment, bonheur précieux. — Liliane Faucher |
Rêve de jardin
Herbes folles Trémière sentinelle Porte close, rêve de jardin Pêle-mêle de feuilles, fruits et corolles joyeuses Chat bercé par la mélodie des oiseaux Jardinier affairé de mille gestes nourriciers Lézards verts parés de magnifiques turquoises Fontaine glougloutant une fraicheur apaisante Papillons alourdis de pollen Caresse tendre d'une brise marine Porte refermée sur un rêve de jardin. — Liliane Faucher |
Le kiosque à musique
C'est dimanche Quelle chance ! Dans le kiosque à musique L'orchestre joue Les musiciens s'appliquent Les enfants font les fous Un couple danse En cadence Les promeneurs s'arrêtent Intrigués par cette fête Puis cherchent une chaise Bien installés, ils se mettent à l'aise Pour écouter les airs d'antan Que fredonnaient leurs parents Et quand vient le refrain Tous applaudissent des deux mains. — Gérard Miro |
Vol d'oiseaux migrateurs
Une espèce de danse au carrefour des cieux Et, planant en silence, en leur envol gracieux, Regardez-les signer, dessiner dans l'espace Les lignes d'une lettre, un rêve qui s'efface. Venant d'on ne sait où, allant dans un ailleurs, Ils quittent nos hivers, les oiseaux migrateurs Et crient leur liberté, sans prison ni barrière, En leurs pépiements d'école buissonnière. Nous, nous ne bougeons pas, au gré de nos saisons Eux nous laissent le froid, blottis en nos maisons, Nous cherchons dans la vie à laisser une trace, Eux, ils vont de l'avant et nous laissent sur place. … — Charly Lellouche (extrait) |
Promenade à vélo
Me promener à vélo, Le matin tôt. Respirer l'air frais Dès l'aube me rend gaie. Moments de liberté, Parmi les fleurs rosées. Roulant à toute allure, Le vent en pleine figure. J'ai ce sentiment infini D'être en paix avec la vie Et surtout avec moi-même, Oubliant toutes mes peines. Grâce au chant des oiseaux, A l'odeur des coquelicots Enfin le temps de regarder, Enfin le temps de respirer, Enfin le temps de rire, Enfin le temps de vivre. — Poème de Florence Levardon |
Printemps
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes ; L'oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ; Il semble que tout rit, et que les arbres verts Sont joyeux d'être ensemble et se disent des vers. Le jour naît couronné d'une aube fraîche et tendre ; Le soir est plein d'amour; la nuit, on croit entendre, A travers l'ombre immense et sous le ciel béni, Quelque chose d'heureux chanter dans l'infini. — Victor Hugo (Toute la lyre) |
Le vent
Les anciens en avaient fait un Dieu : Éole Capable du pire comme du meilleur Le vent fait s'envoler les chapeaux Fuir les moineaux Annonce la pluie Retourne les parapluies Dépouille les arbres à l'automne Fait claquer les portes Provoque des bruits de toutes sortes. Le vent est parfois un défi Mais qui disperse les confettis Pour la joie des enfants ? Fait tourner les ailes des moulins ? Fait avancer les voiliers ? Sèche les vêtements étendus dans la cour ? Dans ces cas-là, on est bien content Et on lui dit « merci », au vent. — Gérard Miro |
Confettis
Si tu dis oui, Confetti. Si tu dis non, Cotillon. Si tu dis oui, Accroupi. Si tu dis non, Tourne en rond. Si tu ne dis Ni oui, ni non, Tourne en rond, Accroupi. Cotillons et confettis. — Comptine |
Retard coupable
J'étais arrivé très en retard à mon rendez-vous. Il faisait un froid de canard. Malgré ce froid et cette neige, elle m'avait attendu, c'est fou ! Honteux et désespéré j'allais éclater en sanglots lorsque derrière moi, j'entendis sa voix ! Lassée de m'attendre, elle avait construit cette statue de glace à son image puis s'était cachée à proximité pour surgir au bon moment et me faire peur. Ah, la bonne farce ! — Gérard Miro |
Les Hiboux
Ce sont les mères des hiboux Qui désiraient chercher les poux De leurs enfants, leurs petits choux, En les tenant sur les genoux. Leurs yeux d'or valent des bijoux, Leur bec est dur comme cailloux, Ils sont doux comme des joujoux, Mais aux hiboux, point de genoux ! Votre histoire se passait où ? Chez les Zoulous ? Les Andalous ? Ou dans la cabane bambou ? A Moscou ou à Tombouctou ? En Anjou ou dans le Poitou ? Au Pérou ou chez les Mandchous ? Hou ! Hou ! Pas du tout, c'était chez les fous. — Robert Desnos |
Zorro et le marteau
Je m'appelle Zorro Je suis un robot Supérieurement Intelligent. Je suis programmé Pour être polyvalent. A cause de mes talents, Je vous le dis en aparté, Plein de gens perdent leur boulot Un sacré coup sur le ciboulot ! Mais je n'ai pas d'état d'âme Je ne fais qu'obéir Et servir Et si pour eux, c'est un drame Pour moi, tout va bien Aïe ! non mais ça va bien ? On me frappe à coups de marteau ! Aïe, bobo! Allô, Assistance-robots ? Ici Assistance-robots... Que se passe-t-il, Zorro ? Allô ? Vous m'entendez, Zorro ? Zorro ? — Gérard Miro |
Les Druides ne reviendront plus
Ils se sont invités Sans prévenir Mais ces beaux arbres élancés Savent accueillir Et s'entendent merveilleusement Avec leurs parasites charmants La vie est fragile Mais dormez tranquilles Et sans aucun souci Belles boules de gui ! Les Druides ne reviendront plus Les Gaulois ont disparu Et vous êtes trop haut placés Pour qu'on vienne vous déranger. — Gérard Miro |
L'automne en cravate
Sur ses habits verts, la vigne vierge arbore une cravate multicolore. Subtil mélange de roses, jaunes-orangés, verts argentés. Soudain, un grand tourbillon fait tout virevolter. Les feuilles deviennent papillons, Bouquet final aux couleurs de l'automne. — Gérard Miro |
Dessin (assisté par ordinateur) : My
El reloj de arena
El reloj de arena Juega A llenarse de luz A vaciarse de sombra. Nosotros le damos vuelta Jugamos a no perdernos No vaciarnos de luz No llenarnos de sombra. — J.H. Cadavid (poète colombien) |
Le sablier
Joue
A se remplir de lumière
A se vider d'ombre.
Nous le retournons
Jouons à ne pas nous perdre
A ne pas nous vider de lumière
A ne pas nous remplir d'ombre.
Le plus dur
Un soleil jaune Dans un ciel bleu Une tache jaune Sur un fond bleu Boum ! l'orage éclate Un éclair rend le sol écarlate Adieu Temps radieux Ajoutons du gris Pour figurer la pluie Un coup de vent Et vlan ! Le dessin par terre Quelle misère ! Face à l'adversité Il faut persévérer Sur l'œuvre inachevée Laissons le pinceau vagabonder Mais à la fin Il faut bien S'arrêter Ultime difficulté Car décider Que c'est terminé C'est le plus dur En peinture. — Gérard Miro |
Selon la tradition
Selon la tradition, un navire portant des marchands de nitre vint y aborder (Phénicie) et comme les marchands, dispersés sur le rivage, préparaient leur repas et ne trouvant pas de pierres pour exhausser leurs marmites, ils les remplacèrent par des mottes de nitre tirées de leur cargaison. Quand celles-ci se furent embrasées, mêlées avec le sable du rivage, des ruisseaux translucides d'un liquide inconnu se mirent à couler et telle fut l'origine du verre. — Pline l'ancien (Histoire naturelle - extrait) |
Cheveux d'ange
Les cheveux d'ange dansent gracieusement dans le vent, Les abeilles butinent avec ferveur les lavandes, Quelques rares papillons passent indifférents aux corolles offertes, Corolles de lumière et graines riches d'avenir se mêlent sans artifice, Des acanthes imbues de leur raideur piquante observent. La huppe est sûre de trouver une friandise en ce lieu. Les lucioles, minuscules étoiles terrestres, espèrent un compagnon. Là-haut, les étoiles nous offrent l'infini, De jour, de nuit, mon jardin est mon énergie. — Liliane Faucher |
Le coin du fakir
Bon endroit pour faire la sieste, à condition d'être un fakir. En général, les racines des arbres poussent de haut en bas, mais dans le monde végétal, comme chez les humains, il y a des originaux qui ne font rien comme les autres. On n'en rencontre pas si souvent et c'est ce qui les rend intéressants. — Gérard Miro |
Rosebud
Sur une île de fer Face à une île de craie Des hommes rudes montent des pylônes Des ventilos pour chatouiller Éole. Petites filles le nez sucré dans la barbe à papa Petits garçons essoufflés dans les moulins multicolores — Qu’est-ce tu feras quand tu seras grand ? — Je ferai les choses en grand ! Parents, faites gaffe aux Rosebuds Que vous offrez aux enfants. — Paul Sanson |
La mer au bout du chemin
Le chemin sinue doucement à travers les champs de blé vert pâle Une arche végétale glorifie le passage vers la mer Les chants de centaines d'oiseaux voletant au-dessus des champs de blé composent une symphonie joyeuse Au loin, la mer scintille dans le doux soleil du matin Le promeneur se laisse envelopper par une incroyable plénitude. — Liliane Faucher |
Fragiles pétales de lumière
Fragiles pétales de lumière Ephémères dans la brise du matin Grâces infinies si vite emportées Squelettes de pierres dures et froides Impassibles dans les vents violents Mémoires de la vie oubliée. — Liliane Faucher |
Ulysse et les Sirènes
Amis, il ne faut pas qu'un ou deux seulement connaissent les oracles que m'a transmis Circé, la divine déesse. Je vais donc vous les dire, afin que nous sachions ce qui peut nous perdre ou ce qui peut nous permettre d'éviter et de fuir la mort et le trépas. Circé tout d'abord nous ordonne d'éviter la voix et la prairie en fleurs des merveilleuses Sirènes. Elle m'engage seul à écouter leur voix. Mais il faut que vous m'attachiez avec des liens solides, que je reste immobile, debout contre le mât, où vous nouerez les cordes. Et si j'en venais à vous supplier et à vous ordonner de me détacher, serrez-moi sur-le-champ en des liens plus nombreux.
— L'odyssée - chant 12 - Homère |
Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen
N'y eût-il dans le désert qu'une seule goutte d'eau qui rêve tout bas, dans le désert, n'y eût-il qu'une graine volante qui rêve tout haut, c'est assez, rouillure des armes, fissure des pierres, vrac des ténèbres désert, désert, j'endure ton défi blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen. — Aimé Césaire |
À Aurore
La nature est tout ce qu'on voit, Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime, Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit, Tout ce que l'on sent en soi-même. Elle est belle pour qui la voit, Elle est bonne à celui qui l'aime, Elle est juste quand on y croit Et qu'on la respecte en soi-même. Regarde le ciel, il te voit, Embrasse la terre, elle t'aime. La vérité c'est ce qu'on croit En la nature c'est toi-même. — George Sand, Contes d'une grand-mère. 1873 |
Anatolie
Anatolie escarpée et sauvage, Terre-mère qui se nourrit Des éclats de voix Du poète-écrivain. Des crêtes enneigées Aux plaines verdoyantes, L’écho glacé du vent Sème ses notes dissonantes De nouvelles écrites Au rythme lent des saisons. L’homme érudit s’enivre De notes florales Qui éclatent en corolle Au cœur des paysages enfiévrés. Danse la montagne sacrée, L’âme égarée égraine ses mots Sculptant pour l’éternité L’histoire humaine Des peuples égarés. — Sylvie Brugeal |
La lessive
Quand chacun
Est décidé À y mettre du sien Il ne faut pas hésiter à laver Son linge sale en famille « La lessive, c'est un travail de fille » Dit le garçon Qui fait des bulles de savon La fille trie les chaussettes Et les serviettes Qu'elle ne mélange pas avec les torchons Car elle connaît le dicton Le père conseille fort À chacun de ménager ses efforts Pour ne pas finir « lessivés » La mère qui justement À ce moment Commence à fatiguer Annonce qu'elle va mettre en route La machine. Le garçon crie : « En avant, toute ! » Mais où est passée la chatte ? Demande la mère... Ah !, je vois une patte Elle s'était cachée dans le tambour ! De bêtises, elle n'est jamais à court Eh bien ! ma belle, Tu l'as échappé belle ! — Gérard Miro |
Le sac poubelle
Un sac poubelle Sur un arbre perché Sentinelle Dans le ciel bleuté C'est moins naturel qu'une hirondelle Sa présence nous interpelle C'est la faute au vent Forcément Disent les gens En passant Sans être devin On peut avoir une idée du destin De ce plastique abandonné Les corbeaux viendront le picorer Il va se fragmenter Et s'éparpiller A moins qu'il ne soit décroché Par un employé de la municipalité Pour être recyclé Pourquoi ne pas croire aux contes de fées ? Une éventualité Qui permet à cette histoire De nature abîmée De se terminer sur une note d'espoir. — Gérard Miro |
Rue des Mésanges
Quelque part sur une île de la mer Sainte-Marie, sous le ciel de craie Forcément. Dans la rue des Mésanges Nichent de drôles d’oiseaux Distraits. Chaque jour, ils suivent les Mésanges Et visitent la rue du Paradis À l’angle. Le panneau « Rue des Mésanges » S’estompe tel la Peau de Chagrin De Valentin. Ce n’est que le Temps qui passe Le temps des mésanges, envolé Bientôt. Oiseaux distraits, suivez les mésanges Entrez dans la rue du Paradis Avec les anges. — Paul Sanson |
Entangled life
Personne ne sait dire quand... sont apparus les premiers lichens. Qui de l'algue ou du champignon a offert la première graine. Cette symbiose d'extravertis, assemblage de science-fiction, explore les géométries à la moindre provocation. Comme eux, nous demeurons indéfinissables anatomiquement. Assistés par nos démons : un bestiaire microscopique. L'individu n'est qu'une collection d'occurrences zoologiques collaborant dans la compétition en un orchestre héroïque. Nous devrions semble-t-il sans peine sentir ce qui nous lie aux lichens. — Eleonore Sur |
Inspiré par Entangled life de Merlin Sheldrake : pages 70-93, The intimacy of strangers.
Les griffonnages de l'écolier
Charle (sic) a fait des dessins sur son livre de classe. Le thème est fatigant au point, qu'étant très lasse La plume de l'enfant n'a pu se reposer Qu'en faisant ce travail énorme: improviser Dans un livre, partout, en haut, en bas, des fresques Comme on en voit aux murs des Alhambras moresques Des taches d'encre, ayant des aspects d'animaux Qui dévorent la phrase et qui rongent les mots ... — L'art d'être grand-père - 1877- Victor Hugo - extrait |
Ce qui sert à Rien
Au début, il y avait Rien. Rien, au bord du néant d’ennui, Se posa la question : « Pourquoi y a-t-il Rien ? » Essayant de résoudre ce problème méta, Rien expérimenta beaucoup, sans succès, Et il en résulta un bazar pas possible : Le Monde. Le monde actuel est donc un tentative ratée, N’injurions pas l’avenir, disons « Non encore aboutie » De répondre à une question méta sur Rien. Si par malheur, Le Monde résolvait la question, Il ne servirait plus à Rien. — Paul Sanson |
Norse Inferno
Converting frozen ice, Into molten lava, Requires a wizard’s wand, Or mere tricks of your camera. Alpine glaciers, dirty white, Be Pacific’s ring of fire. Clicks of adobe genius, Creates hell to admire. — Philip Wood |
Je pense donc j'oublie
Qu'est ce qui fait tourner la terre ? Comment s'est créé l'univers ? Pourquoi tant De galaxies ? Des astres si grands Et d'autres si petits ? Et des trous noirs ? Qu'y a-t-il derrière ? Allez savoir ! Big Bang Mes certitudes tanguent Tant de questions Sans réponse. C'est à perdre la raison Là-dessus surgit La maîtresse de maison qui s'écrie : « Malheureux ! Tu as encore oublié Une casserole sur le feu Tout a brûlé ! Ca ne devrait pas être permis D'être aussi étourdi.» — Gérard Miro |
Dans la maison du rire
Dans la maison du rire la bonne n'est pas sage, et son bouquet éclate de rire. Poussée devant, la timide tulipe s'empourpre à vue d'œil. La barbe de grand-père a mis bien du désordre. — Paul Sanson |
Le journal d'un confiné
LUNDI. Remplir attestation de déplacement dérogatoire Surtout, ne pas perdre espoir. MARDI. Marché fermé; tant pis ! On mangera des conserves On en a en réserve. MERCREDI. Cours de dessin supprimé... quelle vie ! Maintenant, de plus rien je n'ai envie. JEUDI. Musées et cinés fermés C'est à mourir d'ennui. VENDREDI. Soucis en quantité Mauvaises nouvelles à la télé Je n'aurais pas dû l'allumer. SAMEDI. Pas un chat dans la rue, Je récite du « Baudelaire » : « L'espoir vaincu, Pleure et l'Angoisse... » Je m'arrête et m'exclame : Quelle poisse ! DIMANCHE. Quitte à ne rien faire, autant rester au lit, Quelle chance! la semaine est finie. — Gérard Miro |
La dune en hiver
Le ciel et la mer se confondent dans de doux pastels gris et roses. La dune, dans sa robe de bure hivernale, contemple le spectacle magnifique. Monet aimerait ce tableau. — Liliane faucher |
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