J’habitais un lieu où les étoiles n’avaient plus le droit de briller, un lieu où seules les lumières de la ville avaient le droit de briller. C’était un lieu plein de lumière, de bruit, de mouvements, de gens. Il n’y avait pas de magie, juste de l’énergie dépensée dans le but de créer encore plus d’énergie, de la richesse, disent les économistes. C’était un lieu où les gens ne se regardaient plus, ils n’avaient donc pas besoin d’étoiles. J’ai quitté ce lieu et j’ai retrouvé les étoiles, je suis contente de les voir, simplement, sans en savoir plus. Je suis contente parce que c’est magnifique, tout simplement. — Liliane Faucher |
J’ai retrouvé les étoiles
Un moment de flottement
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Dans ma tête Dave Brubeck déversait à tout casser le Blue Rondo à la Turk, aussi vite que moi dévalant comme un fou les marches du métro, montant quatre à quatre les escalators, bon Dieu d'bon Dieu encore, encore et me voici à trois pas d'une sortie sur la ligne quelle ligne je ne le savais plus. Soudain la sonnerie du téléphone. Allo ! C'est Suzy ça fait deux fois que j'appelle, si t’es en retard les Chinois vont annuler ! Je restai sans voix, j'étais foutu. Il faut que tu files, me dit-elle. J'ai couru comme dans un rêve le long des passages encombrés. Haletant, ma mallette à la main, je vacillais… ce pognon, je ne l'aurai pas volé. Pas de panique, j'ai reconnu le tapis roulant de la Gare Montparnasse. J'y suis entré... Le tapis était plein comme un œuf. Je flottais... je brûlais de fièvre. A côté, deux ou trois jazzmen faisaient le bœuf. Je voyais le long des murs illuminés de porcelaine défiler des palaces, le soleil, le ciel bleu... Dans ma main Suzy était là, elle me souriait et de nouveau le soleil a brillé. Dans un souffle elle m'a dit Vient j'ai la voiture tout près d'ici. Les murs, les gens tournaient puis quelqu'un m'a saisi par le bras. Avec la mallette je l'ai frappé alors le coup de poing a claqué ! Me clouant sur place. Oh Suzy, t'en fait pas Je te suis on y va les palaces, le soleil le ciel bleu toute la vie toute la vie... — Paul Sanson |
Foudre noire
Je suis le géant Je me morfonds dans le noir et le néant. L’univers et son mystère tiennent dans mon gant, Je chausse des milliards d’années-lumière, Pourtant l'univers, caillou d'obsidienne inscrutable, Me tourmente au fond de la chaussure. Je dis « chaussure », je dis boîte à chaussures ! J'y ai percé un trou noir, lourd comme mille galaxies, Mais dedans, n’est entré que le noir et le néant. J’ai percé un trou large comme ma bouche de volcan, Mais dedans, nada, rien, réant. Un trou d’ozone, un trou de mémoire, de souris, de serrure… Le noir et le néant. J’ai pris une aiguille aussi fine qu’un cheveu de Vénus, Je l’ai polie pendant mille ans En sa pointe étincelle un atome de tungstène, raide et solitaire. J’ai percé. Univers, voilà –en verlan– ton secret révélé : Foudre noire, arbre de vie. Univers, ton mystère est épinglé. |
Quand la lune se réveille
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Quand la lune se réveille,
C'est au tour du soleil,
D'aller dans son lit.
Il éteint la lumière,
Qui n'est qu'une stagiaire,
Et s'éteint lentement.
Pendant...
Que la lune mange son ptit dèj !
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Calor
– Vous vous prenez pour Dieu ! Méfiez-vous ! – Comment vous y prendrez-vous ? Il faut un projet concret mon ami ! C’est bien beau les idées… Nestor, avec un calme inébranlable, répondit à ces attaques, comme toujours, sans y répondre. Sur le ton d’un possédé et avec un rythme presque liturgique, il récita les étapes de sa proposition telles qu’elles étaient projetées sur le mur de la salle de conférence. – Installer d’abord une cage, qui délimite une étendue, avec une porte ouverte. Installer ensuite quelque chose de simple, quelque chose de vivant, quelque chose qui grandisse avec le temps. La salle de conférence était haute et froide. Les colonnes, dans le même style géométrique que le reste du ministère, étaient agencées avec une symétrie parfaite. Nestor poursuivit. – Placer sous la cage mon condensateur qualien et le démarrer après la dernière seconde d’ensoleillement, lors du premier jour du dernier cycle avant l’irruption. |
Les derniers mots faisaient frissonner l’assemblée. « L’irruption ». Ils étaient tous là à cause d’elle.
– Se cacher, sans rien dire, sans bouger. La vitesse de la condensation a été calculée avec exactitude par mon équipe. L’opération durera au total 1,618033 secondes. C’est toujours avec ce type de données précises que Nestor avait su se frayer un chemin dans les comités ministériels ou les membres politiques se laissaient convaincre avant tout par ce qu’ils ne pouvaient comprendre.
–
La différence de potentiel devra être maintenue pendant tout le cycle solaire.
Au bout de 11,2 ans, après la dernière seconde d’ensoleillement, nous
relâcheront le dispositif, pour une nuit. Une seule nuit, tous les 11,2 ans, ou
nous pourrons jouir de nouveau des couleurs. C’est le seul prix a payer pour
mon générateur perpétuel d’énergie propre.
Il y avait un prix à payer. L’audience le savait. Celui d’un
sacrifice d’ordre purement esthétique, pour ne pas dire poétique, semblait le
plus léger d’entre ceux qu’ils avaient entendus cette semaine.
– Lors de la nuit du relâchement, la violence de la vivacité
soudaine des couleurs et des contrastes sera atténuée par la pénombre nocturne.
Il n’y a pas d’accidents à prévoir, conclut Nestor.
Le silence paraissait impossible à briser. Pourtant, une
question surgit d’un coin indéterminé de la salle. Elle avait son importance.
- Quelle couleur choisirons-nous de garder ? - Qu’entendez-vous par là ? - Quelle couleur nous servira de support pour les étendues, les formes, dans la vie de tous les jours, pendant les 11,2 années ? Autrement nous risquons une déréalisation de l’espace sans la couleur ! - Nous prendrons la teinte la plus neutre de la couleur transparente. - Excusez-moi, mais « transparent » n’est pas une couleur ! - C’est la couleur du vent et de l’eau, rétorqua Nestor. Vous verrez. C’est une couleur qui ne fait pas de mal, elle est calme et sèche, elle est parfaite. Il fait beau. Marie regarde par la fenêtre. Son regard est attiré par le bouquet monumental de la place carrée. Elle ne peut pas voir les couleurs, bien sûr, elle est née dans un siècle noir et blanc. Ce que Marie ne sait pas, c’est que c’est son grand-père Nestor qui en est l’agent.
Son fiancé lui tient la main en regardant dans la même
direction qu‘elle, il fredonne un air plein de joie et d‘innocence. Parfois,
les mots ne suffisent pas, il nous faut des notes…
— Eleonore Sur |
Zébrures glacées
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Zébrures glacées Filant en zigzag Traces subtiles Noyées dans le noir Nuances de bleu Perdu dans l’orangé Du ciel oublié. — Sylvie Brugeal |
Le soleil s'éclipse
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Le soleil s'éclipse L'horizon jaune ocre S'impose au jour furtif Avant que la nuit ne s'éternise. — Sylvie Brugeal |
Amsterdam
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Petit poisson prisonnier de la piscine de béton, j'ai touché le fond. Ma mer est grise et carrée, les vagues sont fanées. Seul sous la glace vitrée, je vais et je viens... Putain ! je fais le tapin. Il entrera, c'est certain. J'entendrai fredonner Combien pour ce voilier dans la vitrine ? Le rideau s'arrachera, je serai dans ses bras.
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Marilyn B
Cela fait longtemps que Marilyn est sur la pointe des pieds, le bras étiré au maximum. Elle lance ses petits doigts tous azimuts mais ils sont trop courts. Elle se tend encore une fois de tout son corps, de toutes ses forces… ses doigts ne font que la frôler. Elle abandonne, et se laisse glisser vers le bas de l’étagère, abattue, le menton vibrant, retenant une larme, vexée. Je suis trop petite. Et en plus, c’est surement interdit. Tout est si différent chez Julie, les objets semblent magiques, habités, mystérieux. Tout à coup Marilyn entend la maman de Julie qui entre par le jardin, rapide, habile, légère, comme une brise. Elle a son sourire radieux habituel. Marilyn se fige. Son désir est si grand que ses yeux la trahissent et elle regarde encore une dernière fois intensément la petite poupée en bois sur l’étagère. La maman de Julie saisit cet indice en plein vol et lui sourit encore un peu plus. Elle s’approche de Marilyn, l’envahissant de son parfum fleuri et de sa lumière. |
– Tiens ! Tu peux jouer avec si tu veux ! Quelle fée ! Elle me comprend ! Et ça lui donne envie de pleurer complètement. C’est bête, mais qu’est-ce que j’ai ? Et elle se sent encore plus petite. Toute petite à côté de la maman de Julie. Elle est si gentille ! Comment a-t-elle fait pour deviner ? Quand je serais grande je serais comme elle. La poupée s’ouvre sous la pression innocente des doigts de Marilyn. Au milieu. Dans son bidon. Comme une boite. Ou comme une bouteille à la mer. Et dedans… C’est trop mignon ! Il y a une poupée plus petite ! Et dedans : une autre encore. Et une autre. Marilyn ne sait pas pourquoi, elle ne comprend pas, mais ça la rend heureuse de peler les couches de cette poupée. Elle se dit que dans la grande il y a un tas de petites. Et même une toute petite, tout au milieu, au chaud. Elles ont toutes la même tête, les mêmes yeux, avec plein de cils, bien peints. On dirait des images de livres ! Elles sentent la peinture, et les heures minutieuses d’un peintre penché sur elles. Ou bien est-ce une femme qui les a peintes ? Toutes pareilles. Identiques. Ça doit représenter du travail ! C’est magnifique ! Quelle patience, quelle minutie. Marilyn est touchée par ces détails. Ce sont des caresses sur chacune des poupées. Même la plus petite a tous les détails. Ils sont là. Tous. Quand la petite poupée va grandir, ses yeux et ses cils vont se gonfler comme les dessins sur un ballon d’anniversaire. On voit ce que ça donne sur la grande. Ce sera exactement comme ça. Marilyn a grandi. Elle vend les lambeaux de son rêve de petite fille sur les marchés. A bas prix. Elle voudrait devenir une poupée. En bois. Immobile. Avec des yeux délicats qui ne peuvent voir personne. — Eleonore Sur |
Loisa et Melius
Cliquer pour admirer Loisa
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Melius : Je suis à côté de toi. Loisa : Moi aussi, je suis à côté de toi et je viens de France. – Moi, je suis en transe. – Ça veut dire quoi « en transe » ? – Ça veut dire « je suis hypnotisé » – [ingénue] Ah bon, hypnotisé par qui ? – Par toi, chère Loisa Maria Catarina Orcelia Toilala. – [encore plus ingénue] Pourquoi ? – Parce que t'es MOCHE ! |
Oh mon bateau
Sur la route qui nous mène Loin du monde et des problèmes Je fuis (il fuit) Comme la gazelle aimable Aux grands cils de velours Je bondis de vague en vague Les mouettes me crient leur bonjour Bravant toutes les tempêtes Sifflant comme une alouette Je vole (il vole) Vers de fabuleux rivages Où je serai bientôt roi J'entends des rythmes sauvages Les algues dansent autour de moi Hop là Oh mon bateau Tu es le plus beau des bateaux Et tu me guides sur les flots Vers ce qu'il y a de plus beau Touaise lei plou bo des bateeeaauuuuu — Katz & Fierry / Desplat |
Porte-clés
Clé de porte, clé de boîte aux lettres, clé de cadenas, clé de contact, clé du coffre, clés du royaume, clés de la république, clé de sol, clé de fa, clé de guitare, clé des songes, clé de judo, clé de voûte, clé du bonheur, clé des champs, clé du paradis, clé du destin, clé de la réussite, clé de la vie, clé de l'univers, clé du succès, clé des WC, clé passe-partout, clé anglaise, clé dynamométrique, clé à molette, clé de douze, clé à sardines, clés du Vatican, clé de Saint Pierre, clé USB, clé de sécurité, clé publique, clé quantique, clé de lecture, clé du film, clé du mystère... — Paul Sanson |
Automne mosaïque
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Automne mosaïque En damier gaufré De tesselles dorées. Pastel de feuilles jaunies En grappe fauve. — Sylvie Brugeal |
À pas de velours
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À pas de velours Je mets mes pas dans les tiens. Donne-moi juste une raison D'être l'électron libre qui se perd Dans les profondeurs de ton âme. Tu es assurément Mon élément vivant. N'oublie pas que le temps passe. Laissons les blessures latentes S'envoler de notre mémoire Et rejoindre l'obscurité. Encensons le jour nouveau. Le coeur à l'envers, Devant l'éternel je te consacre Le plus beau matin du monde. — Sylvie Brugeal |
La mariée coupée en deux
La mariée était coupée en deux. Sur la photo, elle portait son visage comme un masque, aussi figé que le masque de mort de la victime, gisant sur le lit derrière moi. En entrant dans la petite chambre, je l'ai contemplée longuement, pale et froide sur le plaid brodé d'argent. Elle était étendue dans son ample robe immaculée avec comme seule parure sur le cœur, une fleur écarlate au pistil orné d'émeraudes de saphirs et de rubis – le manche délicat d'une dague aiguë. Le marié était absent – effacé dans l'ombre de la photo ? partout absent dans la chambre peut être même dans le château. Était-il parti le jour des noces, tel Ulysse pour un long voyage ou bêtement comme Jean-Pierre descendu acheter des cigarettes, la laissant seule sur la photo. Combien de temps Pénélope l'a t-elle attendu ? la photo fanée dit : trop longtemps. Lucas était resté planté à la porte. Il murmura dans mon dos : on dirait la belle dame d'un conte, plongée dans le sommeil éternel. Janvier qui avait commencé à ouvrir les tiroirs ajouta plus prosaïque : la pièce est vide, pas de linge, pas d'objets, rien. – Si répondis-je il y a cette photographie, c'est la clé du mystère. — Paul Sanson |
Soleil oblongue
Les nuages s'effilochent Sous le regard coloré Du soleil oblongue Qui s'endort dans la nuit. — Sylvie Brugeal |
Voilà, c'est ici
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Lui : Voilà, c'est ici, tu peux ouvrir les yeux. Elle les ouvre et sourit en silence. Lui : Alors ? Elle : Je comprends. Lui : Le reflet est plus vivant n'est-ce pas ? Elle : Oui, il bat, il est léger, il sent bon... Lui : Et il a une peau. Elle : Oui, elle est si proche ! ... on voudrait la caresser! Elle : Vite ! mes pinceaux... — Eleonore Sur |
Porte parole
cliquer pour voir les paroles
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Prenez cette porte jaune. Pourquoi n'aurait-elle pas droit à la parole ? Personne ne l'écoute, personne n'y fait attention. Un jour qu'elle tremblait et tapait sous l'implacable lumière du mistral fou, un passant se moqua : tu es vielle et dégondée, arrête de battre tu va claquer. Chauffé par le soleil et la colère, le goudron qui baigne les veines de son bois lui est monté aux joues. Elle a fait la tête, et pas contente ! Les mots ont poussé comme des boutons, serrés et se montant dessus. Le passant, surpris par la révélation de ce palimpseste mal lavé, scruta les bribes bredouillées et n'y compris rien. C'est pas grave, dit-il, c'est l'intention qui compte. — Paul Sanson |
Ce nuage est bien noir
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Ce nuage est bien noir : - sur le ciel il se roule, Comme sur les galets de la côte une houle. L'ouragan l'éperonne, il s'avance à grands pas. - A le voir ainsi fait, on dirait, n'est-ce pas ? Un beau cheval arabe, à la crinière brune, Qui court et fait voler les sables de la dune. Je crois qu'il va pleuvoir : - la bise ouvre ses flancs, Et par la déchirure il sort des éclairs blancs. Rentrons. — Théophile Gautier, Pluie |
Métamorphose
Le marteau brise la faïence en esquilles concassées, explose les assiettes en éclats de porcelaine fracassés. La lourde masse fait craquer la céramique, la broie en miettes. La poussière acre monte, les gravats fument. Tout est éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Il faut s'armer de patience et de colle. L'esprit doit se rendre, s'éteindre et laisser faire l'œil. C'est l'œil qui navigue dans les vestiges, les débris. Insatiable, il explore les fragments : il compose, écarte, marie. Alors la main soumise et précise agrège, enchâsse, ajuste et scelle. Bientôt tout n'est qu'harmonie. L’œil repus se ferme, l'esprit s'éveille et s'ouvre. — Paul Sanson |
Sidération
| L'été, le Château de la Rochefoucauld revit dans la cohue des touristes. Moi Le Photographe, ça m'énerve et ça me saoule. J'en suis sorti en mode zombie. Mon fidèle Leica à la main, j'ai dû errer dans la lumière calcaire des rues du bourg avant de me souvenir que je cherchais ma bagnole (une Simca 1000 de 63, celle avec les sièges en skaï rouge sang). J'ai enfilé une courte venelle et soudain me voilà cloué, sidéré. A mes pieds, l'ombre de la vieille ville déverse son goudron sur la plage. A l'horizon, le ciel a la couleur de la mer. Au zénith, le soleil brûle tout. Est-ce un tanker arrimé au lampadaire ? Est-ce un bunker échoué à la côte ? Que fait ce vaisseau spatial scotché dans la lumière ? Pas âme qui vive sur l'esplanade desséchée, pas un chat, pas une Simca. Le silence est éternel, le temps est réfuté. — Paul Sanson |
There are doors
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Darling I tried to say good-bye last night, but you wouldn't listen. I'm not a coward, really I'm not. If it weren't for the doors I wouldn't tell you a thing―that would be the best way. You may see one, perhaps more than one, at least a little while. It will be closed all around. (They must be closed on all sides.) It may be a real door, or just something like a guy-wire supporting a phone pole, or an arch in a garden. Whatever it is, it will look significant. Please read carefully. Please remember everything I'm saying. You must not go through. If you go through before you realize it, don't turn around. If you do, it will be gone. Walk backward at once. — Lara PS: You always put these on, don't you? At the end. At the end, I loved you. I really did. (Do.) |
Écorché
Animal pédantesque, terrassé sur ta fresque : révises donc tes charmes, tes exploits majuscules. Apollon te désarme, te désosse et t'annule ! — Eleonore Sur |
La petite école dans le mauvais temps
Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots ! — Arthur Rimbaud, Le bateau ivre |
Hommage au navire du Douanier Rousseau
La Veilleuse musicale Le Monde
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Usage tous âges. Pour rassurer l'utilisateur lors de son sommeil grâce à sa lumière douce et apaiser ses angoisses au réveil en lui conférant une sensation de contrôle. Trois Modes d'utilisation : - En pressant l'unique bouton, la lumière s'intensifie et le mouvement de la foule s'apaise. - Des que le bouton est actionné une deuxième fois, la veilleuse émet une musique sécurisante et réconfortante au rythme d'un battement cardiaque maternel. - A la troisième pression du bouton, les couleurs alternent sur un cycle de 3 tonalités basiques jour/crépuscule/nuit ou nuit/aurore/jour. Très facile d'utilisation. Rechargeable sur son socle (livre avec chargeur, alimentation basse tension). Double intensité réglable pour économie d'énergie. Durée extra-longue jusqu'à 11,2 années. Ne présente aucun risque photo biologique. Le Monde est 100% recyclable. Norme CE.
— Eleonore Sur
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A propos de l'Installation "Le monde en Marche" de Fabien Chalon à la Gare du Nord, Paris 2009
Le vallon
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Dans ombre de ce vallon Pointent les formes légères Du Rêve. Entre les bourgeons Et du milieu des fougères Émergent des fronts songeurs Dans leurs molles chevelures, Et des mamelles plus pures Que le calice des fleurs. — Cécile Sauvage, Fumées |
Clown tragique
L'art du clown va bien au-delà de ce qu'on pense. Il n'est ni tragique, ni comique ; il est le miroir comique de la tragédie et le miroir tragique de la comédie. — André Suarès |
My original brother typewriter decoded
Photo: Brother Typewriter
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My Original Brother Typewriter
My old brother typewriter is very worn out, It no longer types the letter t, And for some illogical reason, Always prints a double letter p, It only produces an upper case i, Also, I have no Idea why it underlines y. It doesn’t quite abide by the rules that follow q, It tries to operate the arm for the letter that comes before u, Think back to the problem I had in the first place, So to print t and u it just leaves a space. — Philip Wood |
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