Ce sont les mères des hiboux Qui désiraient chercher les poux De leurs enfants, leurs petits choux, En les tenant sur les genoux. Leurs yeux d'or valent des bijoux, Leur bec est dur comme cailloux, Ils sont doux comme des joujoux, Mais aux hiboux, point de genoux ! Votre histoire se passait où ? Chez les Zoulous ? Les Andalous ? Ou dans la cabane bambou ? A Moscou ou à Tombouctou ? En Anjou ou dans le Poitou ? Au Pérou ou chez les Mandchous ? Hou ! Hou ! Pas du tout, c'était chez les fous. — Robert Desnos |
Les Hiboux
Zorro et le marteau
Je m'appelle Zorro Je suis un robot Supérieurement Intelligent. Je suis programmé Pour être polyvalent. A cause de mes talents, Je vous le dis en aparté, Plein de gens perdent leur boulot Un sacré coup sur le ciboulot ! Mais je n'ai pas d'état d'âme Je ne fais qu'obéir Et servir Et si pour eux, c'est un drame Pour moi, tout va bien Aïe ! non mais ça va bien ? On me frappe à coups de marteau ! Aïe, bobo! Allô, Assistance-robots ? Ici Assistance-robots... Que se passe-t-il, Zorro ? Allô ? Vous m'entendez, Zorro ? Zorro ? — Gérard Miro |
Les Druides ne reviendront plus
Ils se sont invités Sans prévenir Mais ces beaux arbres élancés Savent accueillir Et s'entendent merveilleusement Avec leurs parasites charmants La vie est fragile Mais dormez tranquilles Et sans aucun souci Belles boules de gui ! Les Druides ne reviendront plus Les Gaulois ont disparu Et vous êtes trop haut placés Pour qu'on vienne vous déranger. — Gérard Miro |
L'automne en cravate
Sur ses habits verts, la vigne vierge arbore une cravate multicolore. Subtil mélange de roses, jaunes-orangés, verts argentés. Soudain, un grand tourbillon fait tout virevolter. Les feuilles deviennent papillons, Bouquet final aux couleurs de l'automne. — Gérard Miro |
Dessin (assisté par ordinateur) : My
El reloj de arena
El reloj de arena Juega A llenarse de luz A vaciarse de sombra. Nosotros le damos vuelta Jugamos a no perdernos No vaciarnos de luz No llenarnos de sombra. — J.H. Cadavid (poète colombien) |
Le sablier
Joue
A se remplir de lumière
A se vider d'ombre.
Nous le retournons
Jouons à ne pas nous perdre
A ne pas nous vider de lumière
A ne pas nous remplir d'ombre.
Le plus dur
Un soleil jaune Dans un ciel bleu Une tache jaune Sur un fond bleu Boum ! l'orage éclate Un éclair rend le sol écarlate Adieu Temps radieux Ajoutons du gris Pour figurer la pluie Un coup de vent Et vlan ! Le dessin par terre Quelle misère ! Face à l'adversité Il faut persévérer Sur l'œuvre inachevée Laissons le pinceau vagabonder Mais à la fin Il faut bien S'arrêter Ultime difficulté Car décider Que c'est terminé C'est le plus dur En peinture. — Gérard Miro |
Selon la tradition
Selon la tradition, un navire portant des marchands de nitre vint y aborder (Phénicie) et comme les marchands, dispersés sur le rivage, préparaient leur repas et ne trouvant pas de pierres pour exhausser leurs marmites, ils les remplacèrent par des mottes de nitre tirées de leur cargaison. Quand celles-ci se furent embrasées, mêlées avec le sable du rivage, des ruisseaux translucides d'un liquide inconnu se mirent à couler et telle fut l'origine du verre. — Pline l'ancien (Histoire naturelle - extrait) |
Cheveux d'ange
Les cheveux d'ange dansent gracieusement dans le vent, Les abeilles butinent avec ferveur les lavandes, Quelques rares papillons passent indifférents aux corolles offertes, Corolles de lumière et graines riches d'avenir se mêlent sans artifice, Des acanthes imbues de leur raideur piquante observent. La huppe est sûre de trouver une friandise en ce lieu. Les lucioles, minuscules étoiles terrestres, espèrent un compagnon. Là-haut, les étoiles nous offrent l'infini, De jour, de nuit, mon jardin est mon énergie. — Liliane Faucher |
Le coin du fakir
Bon endroit pour faire la sieste, à condition d'être un fakir. En général, les racines des arbres poussent de haut en bas, mais dans le monde végétal, comme chez les humains, il y a des originaux qui ne font rien comme les autres. On n'en rencontre pas si souvent et c'est ce qui les rend intéressants. — Gérard Miro |
Rosebud
Sur une île de fer Face à une île de craie Des hommes rudes montent des pylônes Des ventilos pour chatouiller Éole. Petites filles le nez sucré dans la barbe à papa Petits garçons essoufflés dans les moulins multicolores — Qu’est-ce tu feras quand tu seras grand ? — Je ferai les choses en grand ! Parents, faites gaffe aux Rosebuds Que vous offrez aux enfants. — Paul Sanson |
La mer au bout du chemin
Le chemin sinue doucement à travers les champs de blé vert pâle Une arche végétale glorifie le passage vers la mer Les chants de centaines d'oiseaux voletant au-dessus des champs de blé composent une symphonie joyeuse Au loin, la mer scintille dans le doux soleil du matin Le promeneur se laisse envelopper par une incroyable plénitude. — Liliane Faucher |
Fragiles pétales de lumière
Fragiles pétales de lumière Ephémères dans la brise du matin Grâces infinies si vite emportées Squelettes de pierres dures et froides Impassibles dans les vents violents Mémoires de la vie oubliée. — Liliane Faucher |
Ulysse et les Sirènes
Amis, il ne faut pas qu'un ou deux seulement connaissent les oracles que m'a transmis Circé, la divine déesse. Je vais donc vous les dire, afin que nous sachions ce qui peut nous perdre ou ce qui peut nous permettre d'éviter et de fuir la mort et le trépas. Circé tout d'abord nous ordonne d'éviter la voix et la prairie en fleurs des merveilleuses Sirènes. Elle m'engage seul à écouter leur voix. Mais il faut que vous m'attachiez avec des liens solides, que je reste immobile, debout contre le mât, où vous nouerez les cordes. Et si j'en venais à vous supplier et à vous ordonner de me détacher, serrez-moi sur-le-champ en des liens plus nombreux.
— L'odyssée - chant 12 - Homère |
Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen
N'y eût-il dans le désert qu'une seule goutte d'eau qui rêve tout bas, dans le désert, n'y eût-il qu'une graine volante qui rêve tout haut, c'est assez, rouillure des armes, fissure des pierres, vrac des ténèbres désert, désert, j'endure ton défi blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen. — Aimé Césaire |
À Aurore
La nature est tout ce qu'on voit, Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime, Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit, Tout ce que l'on sent en soi-même. Elle est belle pour qui la voit, Elle est bonne à celui qui l'aime, Elle est juste quand on y croit Et qu'on la respecte en soi-même. Regarde le ciel, il te voit, Embrasse la terre, elle t'aime. La vérité c'est ce qu'on croit En la nature c'est toi-même. — George Sand, Contes d'une grand-mère. 1873 |
Anatolie
Anatolie escarpée et sauvage, Terre-mère qui se nourrit Des éclats de voix Du poète-écrivain. Des crêtes enneigées Aux plaines verdoyantes, L’écho glacé du vent Sème ses notes dissonantes De nouvelles écrites Au rythme lent des saisons. L’homme érudit s’enivre De notes florales Qui éclatent en corolle Au cœur des paysages enfiévrés. Danse la montagne sacrée, L’âme égarée égraine ses mots Sculptant pour l’éternité L’histoire humaine Des peuples égarés. — Sylvie Brugeal |
La lessive
Quand chacun
Est décidé À y mettre du sien Il ne faut pas hésiter à laver Son linge sale en famille « La lessive, c'est un travail de fille » Dit le garçon Qui fait des bulles de savon La fille trie les chaussettes Et les serviettes Qu'elle ne mélange pas avec les torchons Car elle connaît le dicton Le père conseille fort À chacun de ménager ses efforts Pour ne pas finir « lessivés » La mère qui justement À ce moment Commence à fatiguer Annonce qu'elle va mettre en route La machine. Le garçon crie : « En avant, toute ! » Mais où est passée la chatte ? Demande la mère... Ah !, je vois une patte Elle s'était cachée dans le tambour ! De bêtises, elle n'est jamais à court Eh bien ! ma belle, Tu l'as échappé belle ! — Gérard Miro |
Le sac poubelle
Un sac poubelle Sur un arbre perché Sentinelle Dans le ciel bleuté C'est moins naturel qu'une hirondelle Sa présence nous interpelle C'est la faute au vent Forcément Disent les gens En passant Sans être devin On peut avoir une idée du destin De ce plastique abandonné Les corbeaux viendront le picorer Il va se fragmenter Et s'éparpiller A moins qu'il ne soit décroché Par un employé de la municipalité Pour être recyclé Pourquoi ne pas croire aux contes de fées ? Une éventualité Qui permet à cette histoire De nature abîmée De se terminer sur une note d'espoir. — Gérard Miro |
Rue des Mésanges
Quelque part sur une île de la mer Sainte-Marie, sous le ciel de craie Forcément. Dans la rue des Mésanges Nichent de drôles d’oiseaux Distraits. Chaque jour, ils suivent les Mésanges Et visitent la rue du Paradis À l’angle. Le panneau « Rue des Mésanges » S’estompe tel la Peau de Chagrin De Valentin. Ce n’est que le Temps qui passe Le temps des mésanges, envolé Bientôt. Oiseaux distraits, suivez les mésanges Entrez dans la rue du Paradis Avec les anges. — Paul Sanson |
Entangled life
Personne ne sait dire quand... sont apparus les premiers lichens. Qui de l'algue ou du champignon a offert la première graine. Cette symbiose d'extravertis, assemblage de science-fiction, explore les géométries à la moindre provocation. Comme eux, nous demeurons indéfinissables anatomiquement. Assistés par nos démons : un bestiaire microscopique. L'individu n'est qu'une collection d'occurrences zoologiques collaborant dans la compétition en un orchestre héroïque. Nous devrions semble-t-il sans peine sentir ce qui nous lie aux lichens. — Eleonore Sur |
Inspiré par Entangled life de Merlin Sheldrake : pages 70-93, The intimacy of strangers.
Les griffonnages de l'écolier
Charle (sic) a fait des dessins sur son livre de classe. Le thème est fatigant au point, qu'étant très lasse La plume de l'enfant n'a pu se reposer Qu'en faisant ce travail énorme: improviser Dans un livre, partout, en haut, en bas, des fresques Comme on en voit aux murs des Alhambras moresques Des taches d'encre, ayant des aspects d'animaux Qui dévorent la phrase et qui rongent les mots ... — L'art d'être grand-père - 1877- Victor Hugo - extrait |
Ce qui sert à Rien
Au début, il y avait Rien. Rien, au bord du néant d’ennui, Se posa la question : « Pourquoi y a-t-il Rien ? » Essayant de résoudre ce problème méta, Rien expérimenta beaucoup, sans succès, Et il en résulta un bazar pas possible : Le Monde. Le monde actuel est donc un tentative ratée, N’injurions pas l’avenir, disons « Non encore aboutie » De répondre à une question méta sur Rien. Si par malheur, Le Monde résolvait la question, Il ne servirait plus à Rien. — Paul Sanson |
Norse Inferno
Converting frozen ice, Into molten lava, Requires a wizard’s wand, Or mere tricks of your camera. Alpine glaciers, dirty white, Be Pacific’s ring of fire. Clicks of adobe genius, Creates hell to admire. — Philip Wood |
Je pense donc j'oublie
Qu'est ce qui fait tourner la terre ? Comment s'est créé l'univers ? Pourquoi tant De galaxies ? Des astres si grands Et d'autres si petits ? Et des trous noirs ? Qu'y a-t-il derrière ? Allez savoir ! Big Bang Mes certitudes tanguent Tant de questions Sans réponse. C'est à perdre la raison Là-dessus surgit La maîtresse de maison qui s'écrie : « Malheureux ! Tu as encore oublié Une casserole sur le feu Tout a brûlé ! Ca ne devrait pas être permis D'être aussi étourdi.» — Gérard Miro |
Dans la maison du rire
Dans la maison du rire la bonne n'est pas sage, et son bouquet éclate de rire. Poussée devant, la timide tulipe s'empourpre à vue d'œil. La barbe de grand-père a mis bien du désordre. — Paul Sanson |
Le journal d'un confiné
LUNDI. Remplir attestation de déplacement dérogatoire Surtout, ne pas perdre espoir. MARDI. Marché fermé; tant pis ! On mangera des conserves On en a en réserve. MERCREDI. Cours de dessin supprimé... quelle vie ! Maintenant, de plus rien je n'ai envie. JEUDI. Musées et cinés fermés C'est à mourir d'ennui. VENDREDI. Soucis en quantité Mauvaises nouvelles à la télé Je n'aurais pas dû l'allumer. SAMEDI. Pas un chat dans la rue, Je récite du « Baudelaire » : « L'espoir vaincu, Pleure et l'Angoisse... » Je m'arrête et m'exclame : Quelle poisse ! DIMANCHE. Quitte à ne rien faire, autant rester au lit, Quelle chance! la semaine est finie. — Gérard Miro |
La dune en hiver
Le ciel et la mer se confondent dans de doux pastels gris et roses. La dune, dans sa robe de bure hivernale, contemple le spectacle magnifique. Monet aimerait ce tableau. — Liliane faucher |
La lune blanche
La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée... O bien-aimée. L'étang reflète, Profond miroir, La silhouette Du saule noir Où le vent pleure... Rêvons, c'est l'heure. Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l'astre irise... C'est l'heure exquise. — Paul Verlaine, La bonne chanson |
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