Zoo de Londres 1980
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Qui dit zoo, dit grilles et barreaux. « Où sont les barreaux ? », demandé-je à Adam Labrosse, auteur de ce cliché. « Facile, avec un 85mm à F1.4 le champ net n’est qu’une lame de rasoir. Les barreaux ont fondu dans un flou Hamiltonien qui sied à cet admirable sujet ». Ainsi soit-il. Labrosse ajouta : « C’est Max, le mâle dominant du groupe des macaques ; c'est lui le boss. Il règne sur une douzaine de femelles qui lui quémandent ses faveurs et une douzaine de jeunes mâles dont il doit arbitrer les incessantes chamailleries. Le reste du temps, il regarde à travers les barreaux ». Émilie Brontë prétend qu’il y a deux sortes d’hommes : ceux qui recherchent le pouvoir et ceux qui recherchent la liberté. Évidemment, la liberté de Brontë n'est pas l'espérance du prisonnier dans sa geôle, c'est la sensation de « se sortir de soi » qui a pour vertu de repousser l'angoisse. Max a le pouvoir ; inné, absolu. Mais l’a-t-il cherché ? On ne dirait pas. Il est privé de liberté. Mais la cherche-t-il ? On dirait bien. Ou est-ce le contraire ? Ne serait-il pas plutôt prisonnier de son lourd héritage ? La quête dans son regard n'est pas l'évasion de sa cage de fer. Ses vrais barreaux ce sont ses sujets, sa cage c'est lui. Émilie Brontë c'est lui. — Paul Sanson |