Ce n'est pas pour me vanter, Disait la virgule, Mais, sans mon jeu de pendule, Les mots, tels des somnambules, Ne feraient que se heurter. C'est possible, dit le point. Mais je règne, moi, Et les grandes majuscules Se moquent toutes de toi Et de ta queue minuscule. Ne soyez pas ridicules, Dit le point virgule, On vous voit moins que la trace De fourmis sur une glace. Cessez vos conciliabules Ou, tous deux, je vous remplace! — Maurice Carême (1899-1978) |
Ponctuations
Soleil couchant
Les ajoncs éclatants, parure du granit, Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ; Au loin, brillante encore par sa barre d'écume, La mer sans fin commence où la terre finit. À mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume. Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume, À la vaste rumeur de l'Océan s'unit. — José Maria De Hérédia (extrait) |
L'arbre rouge
Sur l'arbre rouge, as-tu-vu Le corbeau noir ? L'as-tu entendu ? En claquant du bec, il a dit Que tout est fini ; Les fossés sont froids, La terre est mouillée. Nous n'irons plus rire et nous cacher Dans la bonne chaleur du blé. Le corbeau noir a dit cela, En passant, Dans l'arbre rouge couleur de sang. — Marguerite Burnat-Provins |
Dans Le Havre
Lasse comme les flots, lasse comme les voiles, J'entre dans le doux port plein d'embruns et d'étoiles. Depuis des temps, j'ai vu les plus divins climats Et je dors en ce havre où sommeillent des mâts. Mon esprit s'est tourné vers des rêves plus sages, Je désapprends enfin l'ardeur des longs voyages. Tant de rires dorés viennent vous décevoir Que l'on se sent moins de jeunesse vers le soir... — Renée Vivien - Dans le Havre - (extrait) |
Rêverie
Alors que sur les monts l'ombre s'est abaissée, Des jours qui ne sont plus s'éveille la pensée ; Le temps fuit plus rapide, il entraîne sans bruit Le cortège léger des heures de la nuit. Un songe consolant rend au cœur solitaire Tous les biens qui jadis l'attachaient à la terre, Ses premiers sentiments et ses premiers amis, Et les jours de bonheur qui lui furent promis. Calme d'un âge heureux, pure et sainte ignorance, Amitié si puissante, et toi, belle espérance, Doux trésors qui jamais ne me seront rendus, Ah! peut-on vivre encore et vous avoir perdus ! — Amable Tastu - Poésies (1826) |
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