Verveine


Verte veine
goût que j'aime
qui m'emmène
vers les plaines
des poèmes
qui dépeignent
les fontaines
aux eaux pleines
qui rejoignent
les lagunes
où se baignent
très sereines
les baleines
qui entonnent
des airs bleus.

— Eleonore Sur

Correspondances

Dessin G. Miro
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

— Charles Baudelaire - Les fleurs du mal

Comme un saphir


Bleu saphir, enchâssée comme le plus pur des joyaux dans un écrin sans pareil, la dune grise, la mer, au loin offre sa magie.
La dune grise, le plus beau des jardins, tantôt mauve, tantôt jaune, tantôt blanche, témoigne au gré des saisons une magnificence inégalable de plantes agencées par un Grand Maître.

Je vais, enchantée par le spectacle, comblée par les senteurs exhalées par ces plantes remarquables capables de supporter embruns et vents puissants.
Je vais sur ce chemin autorisé, au milieu de la dune grise, un moment merveilleux, loin des tragédies du monde actuel.

— Liliane Faucher


Peinture en plein air


L'air plein
de la vie, des insectes
timides colorés aux fines ailes.
L'air fort, de ce vent
qui se lève, s'endort,
se déplace et ne meurt.
L'air porteur de la pluie
fine ou dense, cadençante
enveloppant chaque brin,
chaque mare.

Air plein, toi qui est,
fortement, discrètement,
essentiel et absent.
Qui te peindra ?
Et comment ?

— Eleonore Sur

Aujourd'hui il pleut


Le ciel est une fontaine à l'envers.
Ça jaillit d'en haut,
Mais les gouttes ne peuvent pas retourner à la source.
C'est pour cela qu'elles sont tristes !
On le sent bien à leur chant...
Comme une complainte abondante.
Alors les arbres et les fleurs
ont une idée !
Ils prennent les gouttes d'eau
dans leur racines habiles...
Et les remontent doucement vers les nuées.

Un arbre, c'est un jet d'eau au ralenti !

— Eleonore Sur